Les terroristes du M23 se sont depuis Octobre 2021, faits coupables de plusieurs crimes environnementaux en province du Nord-Kivu, partie orientale de la RDC. C’est le gouvernement de la RDC qui l’annonce au travers son livre blanc, portant sur ‘’les crimes perpétrés en province depuis son activisme sur le sol Congolais’’, livre paru en la première quinzaine du mois de Décembre 2022.
A sa section 5, ce livre décrit « Des écocrimes et de l’écocide ». Et là, le gouvernement congolais consacre des détails sur les façons dont les terroristes se sont appris aux écosystèmes de la province, en se livrant au braconnage, abattage d’arbres, et autres genres de crimes tels que définis dans divers textes et traités internationaux, dont la Convention sur le « commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), et celle sur la diversité biologique… ».
Génocide et écocide, tout dans la marmite du M23…
Outre les massacres des populations civiles au Nord-Kivu dont ceux de Kishishe, depuis que cette partie du pays est sous contrôle du M23, la région du Kivu qui nonobstant regorge le réseau des aires protégées de la partie Est de la RDC avec plusieurs catégories de gestion des aires protégées in et ex-situ, notamment les parcs nationaux, les réserves naturelles, les domaines et réserves de chasse, les réserves intégrales de flore, de faune, et les jardins zoologiques et botaniques ;Allusion faite au Parc National des Virunga (PNVi), à la Réserve Naturelle de Tayna (RNT), à la Réserve Naturelle de Sarambwe (RNS), au Domaine de Chasse de Rutshuru (DCRU), à la Réserve Zoologique et Forestière dans la Région des Monts Homas (RZFIH), au Domaine de Chasse des Watalinga (DCRWT), au Domaine de Chasse du Ruwenzori (DCRW), à la Réserve Totale de Chasse de Butahu-Hululu (RCTBH) et à la Réserve des Primates de Kisimba-Ikobo (RPKI)… ;
« Plusieurs territoires abritant ces aires protégées et réserves naturelles se trouvent actuellement sous contrôle du M23/RDF, et sous menaces directes ou indirectes, et subissent des pertes significatives en termes de la faune, la flore et des services écosystémiques y associés, » regrette le gouvernement congolais. « Ces écosystèmes », poursuit le gouvernement via son livre blanc, « accusent déjà une grande vulnérabilité due aux menaces et pressions résultant de plus de deux décennies d’occupation par les mêmes forces négatives et les réfugiés …». Ce qui, pour le gouvernement, constitue un écocide (génocide écologique).
Et ce n’est malheureusement pas tout !
La RDC, à l’instar d’autres pays du bassin du Congo, constitue le sanctuaire d’une grande diversité floristique et faunique. Pour assurer la préservation de cette biodiversité, ces pays se sont dotés des textes des lois très dissuasifs et ont ratifié plusieurs conventions internationales dont la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), et celle sur la diversité biologique.Paradoxalement, diverses formes de criminalité dont le braconnage, le commerce illicite des espèces protégées et autres produits de la faune, ont pris des proportions inquiétantes dans ces pays. C’est notamment le cas de la RDC qui est répertoriée par la CITES comme faisant partie de trois pays posant le plus de problèmes de commerce illégal de l’ivoire.Ceci laisse clairement entrevoir qu’il se pose un sérieux problème, non seulement de l’application de la loi sur la biodiversité dans la région, mais aussi de la pullulation des forces négatives dans les aires protégées qui sont censées maintenir la biodiversité et les services écosystémiques y associés.Dans le contexte de l’agression en cours, poursuit le livre blanc, « les RDF et le M23 occupent une partie importante du complexe du PNVi ». Classé au patrimoine commun de l’humanité, et ayant en son sein plusieurs autres aires protégées et réserves naturelles, le PNVi voit aujourd’hui sa structure se désagréger considérablement. « Cette occupation du PNVi par le M23/RDF, accélère la dégradation des habitats naturels et contribue à la disparition des espèces fauniques et floristiques phare : « Ecocide »… », Regrette le gouvernement congolais.Par ailleurs, peu avant la sortie de ce livre, le même gouvernement avait déjà dans une déclaration du 21 juillet 2022, dénoncé « l’indifférence de la communauté internationale et des partenaires internationaux », vis-à-vis de ce que subit le parc des Virunga, suite à la pression qu’exercent sur l’écosystème, les M23/RDF. Au nom du gouvernement, le ministre du tourisme, monsieur Modero MATONDO Nsimba, avait déclaré je cite : «si nous sommes venus communiquer aujourd’hui, c’est pour dénoncer nos voisins qui collaborent avec nous dans les échanges scientifiques qui concernent la conservation des espèces et des aires protégées, mais qui en même temps, détruisent l’habitat naturel des gorilles de montagnes »… Fin de citation.
Écogardes, espèces gardées et autres installations… tous victimes du duo M23/RDF
Allusion faite à son article 8, précisément son premier paragraphe (b,iv), le Statut de Rome de la Cours Pénale Internationale CPI, qualifie ces attaques graves et atteintes à l’écosystème dans le cadre de l’
Destruction des habitats et braconnage,… tout sur la tête du M23/RDF
Au cours de la même attaque, fait croire le gouvernement, les assaillants ont exploité illégalement « les ressources entrainant au passage, la destruction de l’habitat des gorilles par une occupation des sites de distribution de 10 familles habitées de gorilles des montagnes ainsi que les déboisement de 868,6km2 de savanes arbustive.
L’exposition des gorilles aux tirs croisés des belligérants et autres engins explosifs; les traumatismes psychologiques liés aux armes lourdes, les migrations désordonnées de ces animaux fuyant dans tous les sens au braconnage,… Sont entre autre les dégâts auxquels les terroristes exposent les animaux du parc et de surcroit, les gorilles. Outre ces éléments, la société civile et les organisations environnementaux évoquent bien plus, « le risque d’exposer les gorilles de montagne du PNVi aux éventuelles épizooties, qui pourrait les décimer ».
Les vingt-sept (27) individus de gorilles groupés en trois familles, dont une tente de partir déjà dans la forêt impénétrable de la Bwindi en Ouganda, sont aussi répertoriées dans le livre blanc du Gouvernement. Le centre d’éducation pour la protection de l’environnement et le développement durable CEPED, note par exemple dans le même optique, que « la faunes et la flore disparaissent petit à petit et que la menace est imminente pour les gorilles de Swarambwe (zone toujours sous contrôle du M23) »… « Non seulement ils risquent de perdre leur habit naturel », ajoute le CEPED, « mais ils sont autant pourchassé » lâche Jean-Paul (pisteur le plus influent qui surveille cette espèce depuis 15 ans), cité par le livre blanc. « Si rien n’est fait dans un bref délai », interpelle Kambere « la réserve de Sambwe ne restera plus que l’ombre d’elle-même ». « Ce qui fait encore très peur », poursuit-il, « c’est qu’il y a des feux qui ont récemment été largués dans la serve et qui ont brulé un espace considérable à l’intérieur même de la réserve laissant fuir les gorilles », revient pour renchérir, le centre d’éducation pour la protection de l’environnement CEPED ndlr.
En outre, l’Institut Congolais pour la conservation de la nature ICCN, dénonce l’installation par des personnes non identifiées, d’un poste à sciage des bois en planches dans la réserve de Sarambwe, QG du M23 avant même sa série d’assauts contre les positions de l’armée nationale (FARDC).
Cela fait, regrette l’ICCN via son pisteur en chef, « que les gorilles ne soient plus très visibles dans cette réserve et les signes de leur présence ne sont plus largement répartis ». Autre chose déplorable, plusieurs pièges ainsi que du sang, sont assez souvent rencontrés sur le chemin des gorilles dans cette zone, ce qui pourtant selon ce pisteur, constitue un indice de braconnage dans ce secteur. Tout ceci, à la charge du M23 qui contrôle la zone et qu’aucun autre individu n’ose y fouler les pieds.Actuellement, les sites de distribution de dix familles de gorilles des montagnes sont occupés par les M23.Ces groupes armés ont conduit au déboisement de 868,6 km2 transformant une bonne zone forestière du parc en des savanes arbustives.Les sites de suivi écologique des gorilles sont systématiquement occupés par le M23, allusion faite à Ruvumu, Bugina, Kanyabusoro, Kabina, Rishago, et Rwanguba.Plusieurs villages riverains du PNVi situés dans les groupements de Jomba, Kisigari et Rugari sont sous occupation ou sous menace du M23.Le secteur des gorilles de montagnes, dans la partie Sud-Est du PNVi, par exemple, qui se trouve à cheval entre le Rwanda et la RDC, est l’objet d’intenses combats depuis octobre 2021.
La destruction de la niche écologique des chimpanzés par le M23 dans la zone considérée comme un véritable biotope pour les primates dans la partie orientale de la RDC toujours dans un des secteurs du parc, est aussi perçu comme un grand danger que décrit et déplore Kinshasa. Et son gouvernement en voit un déséquilibre écosystémique, dont est responsable le tandem M23/RDF dans le complexe des Virunga. Pire encore, « les groupes armées, en particulier le M23, ont été accusés d’exploitation forestière illégale dans le complexe des Virunga, et cette exploitation a transformé les forets du complexe en savanes arbustives»
M23 coupable même du trafic du bois, en contrepartie de la destruction du parc…
Dans la section qui illustre les faits d’écocide du M23/RDF sur le complexe des Virunga, le livre blanc poursuit sa liste en évoquant :
Le trafic du bois, «qui a également alimenté les menaces à la sécurité qui a également alimenté les menaces à la sécurité provenant des groupes criminels organisés et des organisations extrémistes violentes parmi lesquels le M23 ». Ce qui est aussi désolant note Kinshasa, c’est que « ces groupes armés sont déjà en lien avec les réseaux de trafiquants basés en Tanzanie, liés à l’Ahlu-Sunnah Wa-Jama et à d’autres groupes militants au Mozambique ». Et ce trafic permet à cette bande, de « gagner autour de 2 millions de dollars environ par mois, grâce à l’exploitation forestière illégale ».
L’union internationale pour la conservation de l’environnement UICN, n’a cessé depuis longtemps, de procéder à une mise à jour, de la liste des espèces animales et végétales menacées d’extinction. « C’est le cas », note à cet effet Kinshasa, « des gorilles de montagne, une espèce phare, menacée de disparition et d’autres espèces animales emblématiques du pays, quasiment disparues ».
Santé économique suite au braconnage… Encore le M23 dans les viseurs
« Le braconnage des éléphants qui se trouvent dans le réseau des aires protégées de la partie Est de la RDC, est une source de financement pour le M23. Ce dernier s’approvisionne en aliments, armes et munitions à partir du commerce des ivoires et autres trafics illicites »… ainsi Kinshasa formule ses accusations contre le M23/RDF.
« Les groupes armés selon leurs modes d’action », renchérit Kinshasa, « ne font pas recours au braconnage pour des raisons de subsistance. Mais plutôt pour des raisons économiques ou pécuniaires, et c’est dans ce contexte qu’ils braconnent sans discernement, des espèces clés de grande valeur économique, notamment les éléphants pour leur ivoire et les pangolins géants pour leurs écailles » boucle-t-il.
Suite au M23, des projets de développement intégré forcés à l’arrêt
« Les incursions du M23 mettent en péril les efforts du pays en matière de conservation de ce patrimoine mondial », déplore Kinshasa, se référant au parc National des Virunga. Les projets des centrales hydroélectriques de Rwanguba (28 MW), Luviru (14,6 MW), Mutwanga (1,2 MW), la Chocolaterie et la Savonnerie, tous entretenus par la fondation Virunga sur l’aire du parc, sont tous à l’arrêt à cause des activités militaires du M23 dans le PNVi, renvoyant alors au chômage, au moins 10 000 employés actifs.
M23 en action, le tourisme en perdition…
Plusieurs projets environnementaux, énergétiques, touristiques et agricoles ont tous été empiétés, toujours suite à la bonne marche de l’entreprise criminelle du M23. « Les affrontements entre FARDC et terroristes du M23/RDF ont un impact considérable sur le parc national des Virunga, mais aussi sur le tissu socio-économique de la région… » Regrette le gouvernement qui poursuit que « les écogardes qui sont censés assurer la protection des espèces phares et des touristes sont victimes d’assauts et des tueries » perpétrés par le M23.
Depuis la recrudescence des terroristes du M23/RDF, l’ICCN déplore la fermeture de quatre sites touristiques du PNVi, à savoir : Gikeri, Nyiragongo, Rumangabo et Bukima. « Cette fermeture cause une perte sérieuse des outputs économiques issus du secteur touristique« .
Des écogardes devenus martyrs de la nature…
L’Institut congolais pour la conservation de la nature ICCN, évalue à plus de trente cas d’assassinats et meurtres volontaires perpétrés par les M23 et qui ont été documentés dans les villages de Ruvumu, Kashari, Bikenge, Buharo, Tshengerero, Biruma et Katale.
Juridiquement parlant, le M23 échappera-t-il à toutes ces accusations portées contre lui par le gouvernement congolais ?
Pour prouver la culpabilité des terroristes face aux crimes d’écocides perpétrés sur des espèces fauniques, floristiques et humaines dans et au tour du parc des Virunga durant son occupation de cet espace (depuis mi 2021 jusqu’en 2023), le gouvernement Congolais s’en remet aux différents textes juridiques sur base desquels les instances pénales devront poursuivre en justice les responsables des écocrimes au Nord-Kivu.Kinshasa hausse le ton, à dire que « l’agression rwandaise en cours a également causé des dommages environnementaux dus à l’atteinte portée à l’intégrité et/ou à la qualité de l’environnement naturel, pouvant constituer des crimes environnementaux ou des formes aggravés d’écocide, notamment en vertu des instruments juridiques internationaux ou nationaux qui interdisent de porter atteinte à l’environnement pendant un conflit armé… ».
Le gouvernement Congolais dit ainsi s’atteler :
A la Convention des N.U. sur l’interdiction d’utilisation des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou hostiles ayant des effets étendus, durables ou graves de (1976) ;
Au Protocole additionnel I aux conventions de Genève de 1949 relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux qui interdit d’utiliser des méthodes et moyens de guerre susceptibles de causer des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel, Il va même jusqu’à le juger de « plus explicite » ;
Au Protocole additionnel I aux Conventions de Genève de 1949, en foi de quoi, « les actes du M23 violent l’interdiction d’utiliser les moyens ou méthodes susceptibles de nuire à l’environnement naturel ». Quand bien-même il n’aurait pas s’agit d’une attaque contre le parc, le fait pour Virunga d’être un patrimoine culturel, naturel de l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture UNESCO, « même est déjà en elle-même une violation des conventions internationales, particulièrement, la Convention de l’UNESCO de 1972 sur le patrimoine mondial, culturel et naturel car ce parc est un site protégé inscrit au patrimoine de l’UNESCO », croit convaincre le gouvernement.
La loi portant principes fondamentaux sur l’environnement de la RDC, interdit également toute activité susceptible de nuire à l’environnement dans les aires protégées et punit toute attaque contre ces aires. Ces atteintes seront donc punies en vertu de l’article 83 de la loi sur l’environnement qui dispose que « quiconque dirige intentionnellement une attaque en sachant qu’elle causerait des dommages étendus, durables et graves à l’environnement, qui seraient excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu, est puni conformément aux dispositions pertinentes du Code pénal militaire congolais ».
Dans un café de presse du 19 Décembre 2022 animée en ville de Goma par le service de communication de l’ICCN, il a été révélé que plus de 234 gorilles de montagnes sont en errance et échappent au contrôle de l’équipe de monitoring dans le PNVi, plus précisément occupée par le M23. « Les menaces sont réelles. Le secteur de Mikeno, est le principal sanctuaire des gorilles des montagnes, qui sont restés abandonnés. Il y a des risques que ces gorilles tombent dans les pièges et sont aussi exposées aux maladies humaines. Actuellement, on ne sait pas qui entre dans le parc et qui est en contact avec ces animaux »… S’inquiétait Bienvenue Bwende, alors chargé de communication à l’ICCN.
Peu après, en date du 20 Décembre 2022, l’ICCN alertait également dans un communiqué, sur une extinction accélérée de l’espèce lionne dans le parc des Virunga.
En effet, poursuivait le communiqué, le parc national des Virunga ne dispose plus que d’une centaine de lions qui logent dans la vallée d’Ishasha et qui sont cogérés par les responsables du PNVi et ceux du parc Queen Elisabeth de l’Ouganda. En tout état de cause, ces espèces méritent une protection.
Il faut conclure à rappeler que dans toutes ses sorties médiatiques, l’ICCN (Institut Congolais pour la conservation de la nature) n’a cessé d’attirer l’attention du gouvernement Congolais et ses partenaires, sur la nécessité qu’il y a d’imposer la paix partout et surtout au pays, et surtout sa zone de couverture, pour tenter de sauver les espèces en voie ou sous menaces d’extinction.
John TSONGO/Goma-RDC