Une table ronde a été organisée par COMEN (Congo Men’s network) entre les chefs traditionnels et les structures associatives autour des défis rencontrés dans la résolution des conflits familiaux et les mesures de mitigation » à M/Matanda, M/Karuba et M/Shanga, chefferie de Bahunde, territoire de Masisi, du 25 au 30 septembre 2023. Cette activité se situe dans le cadre du projet REPLIC 2022-2026 (Agir pour une Justice Redevable, Plurielle et Intègre au Congo) mis en œuvre par 3 Organisations de la société civile du Nord Kivu, dont COMEN, FAT et UCOFEM, avec le financement de la DGD Belgique à travers l’ONGI Belge RCN Justice & Démocratie (RCN J&D)
La prise de la parole dans la communauté par la femme et le dialogue en famille, l’une des pistes de solution dans la résolution des conflits familiaux, a dit Mr Marcellin BIRIKO Expert au sein de COMEN.
« Nous sommes heureux d’avoir été formé et accompagné par COMEN qui du jour au lendemain renforce nos capacités afin que l’on devienne des bons médiateurs des conflits familiaux. Ce qui nous oblige d’être d’abord un modèle au sein de nos propres ménages » déclare un participant tout en fustigeant son mode de vie qui jadis n’était pas digne d’un médiateur au sein de la communauté.
Savoir plus de l’origine des conflits familiaux
C’est quoi « un conflit ? » ; et alors « un conflit familial ?» ; De qui provient-il au sein d’une famille ? Comment se manifeste -t-il ? Comment alors le résoudre avec aisance ? Peut-on résoudre de la même enseigne 2 conflits familiaux surtout lorsqu’ils se ressemblent ? C’est quoi alors « les masculinités positives ? » Ont-elles un impact au sein d’une famille ?
Sont là les différentes questions qui ont fait objet de débats entre participants afin de les éclairer les sur les origines de conflits familiaux et les aider ainsi à retracer les défis majeurs rencontrés dans leur résolution.
Les conflits familiaux ont donc des origines diverses et souvent ce sont les hommes qui sont à la base des conflits familiaux au sein du ménage où la femme n’a pas droit à la parole ; une pratique issue des certaines traditions ; comme chez les Hunde par exemple, où jadis la femme n’avait pas droit à la parole en public et ne devrait jamais contredire son mari. Heureusement que comme les témoignent certains chefs traditionnels, cette pratique a évolué et n’a plus assez d’ampleur suite aux différents enseignements donnés par COMEN.
Et pour éclairer ce chapitre, Selon Mr Marcellin BIRIKO, Expert Facilitateur au sein de COMEN, les conflits familiaux n’ont pas les mêmes origines ni les mêmes causes. Et même lorsqu’ils peuvent avoir les mêmes causes, ils ne sont pas forcément résolus de la même façon. D’où nécessité pour tout acteur de résolution de conflits, d’être aguerri, prudent et intelligent. Bref, il devrait « avoir une très grande tête, des très grandes oreilles, des gros yeux et de toute une petite bouche, pour arriver à mieux juguler un conflit familial et apporter ainsi une médiation/conciliation réussie et durable ».
Ainsi, les participants ont été amenés à se mettre d’accord, après facilitation de Mr Emmanuel CHIBIKE, de RCN J&D/Goma, que tout acteur de résolution d’un conflit familial, doit avoir à l’esprit les 5 aspects aussi prépondérants qui sont : « La sensibilisation/vulgarisation des parties en conflit sur les méandres d’un conflit familial ; la mise en confiance des parties en conflit ; la bonne gestion des émotions : savoir les maitriser/baisser les émotions des parties en conflit sans en être aussi emporté ; le respect du processus de résolution d’un conflit familial : pas briser les étapes ; le savoir associé les autres acteurs en cas de besoin ou alors référer le cas ». Les conséquences de non usage de sagesse, de prudence et perspicacité dans la résolution d’un conflit familial, sont plus néfastes pour le médiateur qui parfois est pris en partie et/ou alors tout tourne contre lui.
Les acquis et défis rencontrés lors de l’exercice de leurs fonctions.
« Les défis sont multiples dans notre travail, déclare Mme KAHINDO KATY de Bweremana. Néanmoins, nous avons aussi la joie de nous voir être sollicité par les communautés et aider à la cohésion familiale. Même si tout n’est pas parfait/rose, non plus tout n’est pas danger. Sinon, je suis très ravie de faire ce travail et voir le niveau de considération et notoriété que j’ai acquis au sein de ma communauté, où les gens acceptent de me parler de leur vie privée, quel degré de confiance ! Ce travail de médiateur m’aide aussi personnellement et je prends de plus en plus conscience de mes responsabilités, de mes actes et paroles afin que je sois toujours à même d’aider les gens et de mériter leur confiance. »
« Notre joie est immense car la population a compris que nous pouvons l’aider à résoudre les conflits familiaux sans être dérangé par qui que ce soit ; surtout que les juridictions comme le territoire ont compris que nous existons et que nous ne sommes, entant que structures, en compétition avec eux. Nos services sont gratuits, nous donnons le meilleur de nous-même afin que les parties en conflit acceptent de le traiter à l’amiable, sans haine ».
« Pour le notable BALUME Nicolas Jean, les personnes de 3e âges sont les plus concernés car ils ne comprennent pas comment jeter la coutume et ambrasse les nouvelles méthodes. Pour eux la coutume est la seule chose qui leur a permis de garder leur foyer et de bien éduquer leurs enfants. Les anciens comportements des personnes de 3e âges sont ceux qui repoussent la valeur de la masculinité positive et détruisent certains jeunes qui s’approchent d’eux »
Partant de ces témoignages aussi épatants, ainsi que d’autres d’ailleurs, Mr Emmanuel CHIBIKE (RCN J&D Goma) a, majestueusement amené les participants à travailler en carrefours autour des acquis et défis rencontrés et ce par étapes clés de résolution d’un conflit familial. Lesquelles étapes partent principalement, a-t-il expliqué, « de la saisine et de l’accueil des parties en conflit, vers l’écoute/ entretien avec les parties en conflit y inclus les témoins si nécessaire, la descente sur le terrain si indiqué vers la phase ultime de conciliation/médiation des parties afin de déboucher par l’étape de suivi post-conflit ». Bien plus, les participants ont également relevé ces acquis et défis par rapport aux outils utilisés en termes de documentation et d’archivage du travail des acteurs.
Denise KAVIRA KYALWAHI