Le 44e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC s’est tenu à Harare, au Zimbabwe, le 17 août 2024. Axé sur la croissance économique durable et l’industrialisation de la région, ce sommet a également abordé la préoccupation croissante liée à la Monkeypox en République démocratique du Congo (RDC). Le Monkeypox, également appelée Mpox, est une maladie virale endémique en Afrique, notamment en RDC. Causée par le virus Monkeypox (MPXV), il appartient à la famille des Poxviridés. Historiquement, la RDC a enregistré des cas de Monkeypox depuis des décennies, avec une forme clinique associée à une mortalité plus élevée.
Publié en novembre 2023, un rapport de l’OMS rend compte de l’évolution préoccupante de l’épidémiologie du mpox en RDC, principal pays endémique pour le mpox (la RDC comptabilisait 95 % des cas humains de mpox avant l’épidémie mondiale de 2022). De janvier à juillet 2023, la RDC a enregistré 6914 cas de Mpox, dont 328 décès. En 2024, le nombre de cas a continué d’augmenter, touchant 23 des 26 provinces du pays, avec un cumul de 15.000 cas suspects et un peu plus de 500 décès
Aperçu de la maladie
Selon le rapport de l’Ambassade des Etats-Unis en RDC consulté ce 20 Aout 2024 par NATURELCD, il est noté qu’en RDC le monkey pox humain a été d’abord confirmé en 1970. Durant les années 1980, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a appuyé la surveillance active des maladies. Après l’arrêt du programme de surveillance active des maladies en 1986, peu de maladies humaines ont été signalées. Dans le milieu des années 1990, des éclosions des maladies humaines ont été signalés à nouveau. Après l’an 2000, un système de surveillance plus objective du monkey pox humain a été rétabli, et un rapport récent sur 760 laboratoires a confirmé des cas de 2005 à 2007, se concentrant principalement sur le district de Sankuru. Ce rapport estime une augmentation de l’incidence de la maladie humaine, devenant 20 fois plus élevée que celle signalée pendant le programme de surveillance active des années 1980. Le monkey pox est une maladie virale qui a été signalée principalement dans les pays africains de l’Ouest et ceux du bassin du Congo, comme la RDC. La maladie peut être mortelle. La surveillance de la RDC parrainé par l’OMS a signalé un taux de létalité de 10 % chez les personnes non vaccinées. Une vaccination antérieure avec le vaccin contre la variole (virus de la vaccine) offre une protection contre le monkey pox.
Les hommes peuvent être infectés avec cette maladie lorsqu’ils sont exposés au sang, aux liquides organiques ou à une éruption cutanée d’un animal infecté. Dans la région du bassin du Congo, l’exposition à un autre homme infecté peut-être aussi responsable de l’infection. Alors que le monkey pox tire son nom de l’animal sur lequel la maladie a été identifiée, l’écureuil africain ou d’autres espèces de rongeurs africains semblent être des hôtes courants pour le monkey pox.
L’appui du CDC dans la riposte à la maladie du monkey pox en République démocratique du Congo
En septembre 2010, le CDC a envoyé une équipe de quatre personnes en RDC pour aider aux efforts de la surveillance de la maladie et mettre en œuvre les ressources pour régler le fardeau du monkey pox dans ce pays, en mettant l’accent sur la région de l’Equateur. En collaboration avec l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa (KSPH) et d’autres organisations, l’équipe de CDC a lancé des activités de surveillance accrue du monkey pox, y compris le support technique, la formation et le partage des ressources.
En outre, un projet de recherche du monkey pox avec le KSPH a été rédigé. Dans sa forme actuelle, le projet présente un plan d’enquête de trois ans pour évaluer les des maladies humaines, l’écologie de la maladie et dynamique de transmission de la maladie. Les résultats de la recherche devraient aider à fournir des preuves pour les efforts de contrôle des maladies, y compris l’utilisation du vaccin. Les activités durant la première année devraient comprendre le développement, la révision et l’approbation des protocoles au Comité d’Ethique (IRB) pour la recherche du monkey pox.
Haut risque dans les camps de déplacés
Au-delà de cette mutation, un autre motif d’inquiétude est que la maladie a été enregistrée dans les camps de déplacés autour de Goma, au Nord-Kivu, où l’extrême densité de la population et la promiscuité rendent la situation très critique. Les risques d’explosion du nombre de cas sont réels vu les importants mouvements de population dans et en dehors de la RDC.
Or, l’identification des cas, le suivi des malades et les soins disponibles restent extrêmement limités, et l’absence de vaccins dans la région rend cette situation encore plus difficile. Dans certaines communautés, la perception de la maladie comme étant liée à des pratiques mystiques ou de sorcellerie complique aussi l’adhésion aux mesures de santé publique. Ce qui induit la nécessité de travailler au plus près des communautés.
Notons que le Gouvernement congolais va débloquer 49 millions USD pour lutter contre l’épidémie de Monkeypox, maladie qui sévit dans presque toutes les provinces de la RDC. L’annonce a été faite lundi 19 août en conférence de presse à Kinshasa, par Roger Kamba, ministre de la Santé, Hygiène et Prévoyance sociale.
Ce montant concerne l’ensemble de la riposte, sans compter le coût du vaccin.
Cette enveloppe budgétaire est destinée à couvrir les opérations de déploiement, de prise en charge, de surveillance, ainsi que les activités de laboratoire. En ce qui concerne le vaccin, a indiqué Roger Kamba, le besoin est de 3,5 millions de doses, d’une valeur de 600 millions USD. Le pays a enregistré 15 664 cas potentiels et 548 décès depuis le début de l’année, indique la radio Okapi sur son site internet.
Quasiment toutes les provinces de la RDC sont touchées par ce virus. Mais selon Roger Kamba, les provinces les plus affectées sont :la Mongala, l’Equateur, le Sud-Kivu, la Tshopo, la Tshuapa, le Sud-Ubangi, le Sankuru.
Il recommande par ailleurs des attitudes à adopter pour stopper cette épidémie : « Les animaux morts d’eux-mêmes, il ne faut pas y toucher parce qu’on ne sait pas de quoi ils sont morts. Les animaux qui présentent des signes de maladie, il ne faut pas y toucher. Les singes et les rongeurs, ne touchez pas à cela parce que vous risquez d’attraper la maladie. Le mode de contamination le plus fréquent, c’est le contact. Evitez des contacts directs avec quelqu’un qui est malade. Evitez aussi les contacts indirects, à travers tout ce qui est draps, serviettes, habits. Pour celui qui est malade, il doit informer les autres et aller se faire soigner pour qu’il soit pris en charge ».
La RDC a validé deux vaccins et essaie de s’approvisionner mais à ce stade, il n’y a pas encore de vaccins disponibles. Aussi, les équipes de MSF plaident pour que les doses arrivent au plus vite et en masse pour pouvoir protéger les populations dans les régions les plus affectées et notamment les populations les plus à risque telles que le personnel de santé congolais (en première ligne face à l’infection), les travailleuses du sexe et les personnes déplacées dans les camps. MSF appelle à des actions concrètes pour faire de la vaccination une réalité en RDC et dans tous les pays africains touchés. Au Nord-Kivu, des activités de surveillance et de sensibilisation ont été mises en place dans les camps de déplacés de Goma, avec un soutien apporté aux structures médicales en matière de triage, d’isolation et de prise charge des malades.