Les entrepreneurs locaux, regroupés au sein de MAARIFA Global, ont été formés aux normes à remplir pour devenir entrepreneur MAARIFA. Dans un contexte marqué par la guerre et le changement climatique, ces jeunes producteurs n’ont pas baissé les bras et ont continué à fournir des efforts pour maintenir leurs productions à un niveau optimal. John TSONGO, coordonnateur de l’organisation, et son conseil d’administration ont offert des lignes de conduite pour devenir entrepreneur MAARIFA, ce samedi 9 novembre 2024, dans la salle de réunion de MAARIFA Global au quartier Himbi.
Sous le thème : « Entrepreneuriat au Nord-Kivu entre guerre et résilience », les jeunes entrepreneurs se sont réunis pour dresser le bilan des 11 mois d’existence de MAARIFA Asbl, depuis sa création en décembre 2023 jusqu’à ce jour.
Prenant la parole, John TSONGO a félicité les membres de son organisation qui, malgré les multiples difficultés rencontrées au Nord-Kivu dans un contexte de guerre et de changement climatique, restent concentrés sur leurs activités et s’efforcent de produire localement afin de répondre aux besoins de leurs clients ou de la communauté.
John TSONGO :
« Nous avons organisé cette assemblée générale pour échanger. C’est une première expérience depuis le lancement de MAARIFA Académie, il y a 11 mois, lors de la préparation de la première édition de la foire agro-industrielle et artisanale. Durant cette période, beaucoup de choses ont été réalisées, et aujourd’hui, la coordination et le conseil d’administration doivent rendre compte des efforts fournis. Nous devons aussi expliquer pourquoi certaines actions n’ont pas été menées dans les délais prévus, en raison du contexte sécuritaire incertain. Nous avons néanmoins osé maintenir cette organisation. »
Pourquoi avoir choisi le thème « Entrepreneuriat au Nord-Kivu entre guerre et résilience » ?
Le contexte dans lequel évoluent les entrepreneurs du Nord-Kivu est particulièrement difficile. Confrontés à de nombreux défis tels que les barricades sur les routes d’approvisionnement, la sécheresse et autres phénomènes liés au changement climatique, ainsi que les tracasseries fiscales et la disparition de certaines espèces animales et végétales, ces entrepreneurs restent néanmoins déterminés à produire localement. En plus de ces défis environnementaux, ils doivent faire face aux effets de la guerre dans l’Est de la RDC, et notamment aux taxations illégales qui n’ont rien à voir avec leurs activités.
L’impact de la guerre à l’Est de la RDC reste un obstacle majeur pour les entrepreneurs locaux. Le contexte sécuritaire dans des territoires comme Beni, Lubero, Ituri, Masisi et Rutsuru affecte gravement la production et l’approvisionnement. Comme le souligne KASEREKA NGALIAVUHIRA :
« Les routes sont souvent barrées, et il devient difficile d’acheminer les produits nécessaires à la production. »
Madame Soki MULEKYA exprime son mécontentement :
« Les produits que nous utilisons viennent principalement du Rwanda et de l’Ouganda, car les routes menant à nos fournisseurs locaux sont bloquées par les milices. »
La résilience des entrepreneurs
Malgré les difficultés imposées par la guerre, les entrepreneurs de MAARIFA Global font preuve d’une grande résilience. John TSONGO affirme :
« Malgré tout, les jeunes et les entrepreneurs seniors de MAARIFA ont su s’adapter et continuer à faire fonctionner leurs entreprises. Ils ne se sont pas laissés abattre. »
Madame Francine Siva, productrice de jus naturel et de bouillie, a recours aux fruits en provenance de Minova et du Rwanda pour pallier les pénuries. Soki MULEKYA évoque également les solutions adoptées pour surmonter la crise :
« Bien que nous ayons des plantes, elles sont insuffisantes. Nous devons parfois importer des produits, ce qui fait augmenter le prix des produits sur le marché. »
La philosophie de MAARIFA : « Consommons local »
Le collectif des entrepreneurs MAARIFA prône la consommation locale, avec un focus particulier sur les produits locaux et l’entrepreneuriat vert. Les discussions de l’assemblée générale ont permis d’amender les lois régissant les activités des entrepreneurs membres de MAARIFA. John TSONGO explique que les conditions d’entrée dans le réseau MAARIFA sont simples : il faut être de nationalité congolaise, avoir une entreprise bien installée, une adresse physique visible, et des produits à exposer.
Malgré les défis, les entrepreneurs du Nord-Kivu restent résilients et continuent de s’adapter à la situation, même si cela implique des coûts supplémentaires pour obtenir les matières premières nécessaires à leurs productions.
En fait dans sa politique, Maarifa dit être consciente de l’existence d’une franche collaboration de la jeunesse qui a des idées d’entreprendre, mais incapable d’y arriver soit par manque de fonds de démarrage, soit par manque de par où commencer, soit par manque de connaissances et/ou informations nécessaires ou par la combinaison de tous ces facteurs. Et tentant d’y apporter réponse, Maarifa a fait desobligations vis-à-vis de tous ses incubés seniors, « l’accompagnement, le coaching et l’encadrement » de ces nouveaux enfin de faire aussi d’eux, des entrepreneurs en tant que tels.
L’importance du réseautage
Le réseautage, facilité par MAARIFA, a également été un facteur clé du succès pour plusieurs entrepreneurs. DiBa témoigne :
« Depuis la foire organisée en mars, MAARIFA m’a permis de développer de nouvelles connaissances et d’élargir mes horizons. Mon café est désormais préféré par la résidence présidentielle aux États-Unis et à Kinshasa, ce qui est un grand accomplissement. »
Retenez que ce samedi tout a d’abord porté sur la présentation du rapport annuel de Maarifa qui se résume en une trentaine de marchés ouverts aux entrepreneurs par la coordination de Maarifa Goma, l’adhésion de Maarifa à la FEC, ce salon où les membres trouvent opportunités, défense et émergence, la facilitation d’accès à plus ou moins 6 foires de renom permettant aux entrepreneurs d’entrer directement en contact avec les potentiels consommateurs de leurs produits, l’ouverture large d’une voie de contact avec une multitude de partenaires, la mise en place du comité du conseil d’administration, la mise en place des textes légaux ouvrant le couloir au lancement de la société coopérative « Maarifa marcket coopérative ». Sans se passer du discours d’armement moral du Directeur exécutif de Maarifa, John KAVYAVU qui dit « croire en la force du nombre », l’assemblée générale a aussi été une occasion d’accueil des prosélytes, nommés par Maarifa, « aspirants entrepreneurs ».