Goma: le chercheur John TSONGO présente l’éducation environnementale comme une clé essentielle pour le développement durable

1 0
Read Time:11 Minute, 44 Second

À cette ère post-industrielle où les effets fâcheux du changement climatique ne font que renforcer leur emprise sur les populations, des scientifiques et chercheurs du domaine ne font qu’accentuer des démarches visant à trouver des solutions collectives et efficaces. Depuis qu’ils se penchent sur cette thématique, des scientifiques n’ont cessé de présenter l’éducation environnementale comme une des solutions les plus sûrs et justes qui fédèrent les efforts multi-sectoriels pour une adaptation et une atténuation réussies face aux enjeux environnementaux.

C’est maintenant de plus en plus évident. Dans le cadre du cours de sociologie rurale et vulgarisation agro-environnementale, le Journaliste scientifique congolais et étudiant en 3ème année de licence en sciences agronomiques et environnementales à l’Université des Martyrs du Congo (UNIM-RDC) à Goma, John TSONGO a aussi démontré combien l’éducation environnementale est un outil essentiel pour marcher dans le sens d’apport des solutions face au fléau mondial actuel : le changement climatique.

Dans sa recherche dont les résultats sont axés sur 10 points essentiels inhérents à l’éducation environnementale, John TSONGO explique de façon approfondie comment se servir de l’éducation environnementale pour éveiller les consciences citoyennes, rendre leurs esprits sensibles à la thématique et les emmener à s’engager collectivement pour la cause environnementale et climatique.

Lors de la présentation des résultats de sa recherche Mercredi 04 Mars 2025 devant ses camarades étudiants et professeurs, cet écrivain africain a expliqué que l’éducation environnementale est inscrite parmi les solutions face aux effets néfastes du changement climatique.

Depuis que le monde fait face aux effets du changement climatique caractérisé par des catastrophes naturelles et des effets néfastes sur l’agriculture dans le monde, fait-il voir, l’identification des causes fait aussi appel aux solutions, parmi lesquelles, l’éducation environnementale. Pour y parvenir tout un processus de changement doit être mis en place prenant en compte notamment des aspects plus pratiques aujourd’hui et demain, des techniques et procédés pour un bon usage des canaux d’éducation à l’environnement en milieu rural et urbain associés à des petits gestes qui sauvent notre environnement”.

Pour lui, l’éducation environnementale ou éducation à l’environnement, est « une matière qui repose sur l’encouragement de la volonté d’agir et de stimuler les compétences des êtres humains à gérer respectueusement les ressources naturelles entre autres, les intérêts individuels, sociaux, économiques et écologiques ».

L’éducation relative à l’environnement, c’est aussi, poursuit-t-il se referant à adéquation.org, « le processus de reconnaissance des valeurs et de clarification de concepts qui développent les compétences et les attitudes nécessaires pour comprendre et apprécier les relations entre les personnes, leur culture et leurs contextes biologiques et physiques ».

L’éducation environnementale, une vieille pratique

Les premières spéculations autour de l’éducation environnementale remontent aux années 1960, par les bénévoles qui s’intéressaient à l’époque aux questions d’environnement, informe John. Mais, précise-t-il, ce n’est qu’entre les années 1970-1980 que de nombreux autres individus s’intéressent à cette pratique, avec l’idée de faire face aux avancées de dégradation de l’environnement.

En 1971, dit-il, l’union internationale pour la conservation de la nature UICN a intégré l’éducation parmi ses approches pour bien mener ses tâches de conservation, et en 1976 la Conférence des Nations unies de Belgrade (Serbie en Europe dans les balkans) a aussi affiché ses intérêts vis-à-vis de la thématique, au point de présenter l’éducation environnementale comme incarnant un vœu « de développer une population mondiale consciente et engagée dans l’environnement et dans les problèmes qui y sont liés ».

TSONGO estime, se référant aux différents traités des nations sur le climat et l’environnement, qu’il y a lieu de résumer que le vœu de l’éducation environnementale est de constituer « une population dotée des connaissances, des compétences, des attitudes, des motivations et de l’engagement à travailler individuellement et collectivement pour la solution aux problèmes actuels et pour la prévention des problèmes futurs ».

Bouclant ce points des informations historiques, le chercheur mentionne enfin qu’en 1987, l’organisation des Nations-unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) se sont joints pour mettre en place un cadre de référence sur l’éducation et la formation relatives à l’environnement, notamment lors du Congrès international de Moscou, en Russie.

En Afrique, mentionnons-le, l’éducation environnementale prend petit à petit corps, au-travers des organisations et communautés locales.

Les objectifs de l’éducation Environnementale

Les experts des Nations-unies, les chercheurs, les scientifiques et les bureaux d’études sur le climat et l’environnement, indique John, adoptent à l’unisson que l’éducation environnementale est guidée par 5 piliers majeurs qui en font office d’objectifs. Ces piliers sont entre autres la prise de conscience, la connaissance, l’état d’esprit, la compétence et la participation.

a. Prise de conscience : elle vise à aider les groupes sociaux et les individus à prendre conscience de l’environnement global et des problèmes connexes, afin de favoriser leur sensibilisation à ces questions ;

b. Connaissance : elle vise à aider les groupes sociaux et les individus à acquérir une expérience variée ainsi qu’une connaissance fondamentale de l’environnement et des problèmes connexes ;

c. État d’esprit : aider les groupes sociaux et les individus à acquérir un sens des valeurs, des sentiments d’intérêt pour l’environnement afin qu’ils puissent participer activement à l’amélioration et à la protection de l’environnement ;

d. Compétence : aider les groupes sociaux et les individus à acquérir les compétences nécessaires à la définition et à la solution des problèmes environnementaux ;

e. Participation : donner aux groupes sociaux et aux individus la possibilité de contribuer activement à tous les niveaux, individuels et collectifs, pour solutionner les problèmes environnementaux, se déduisant donc en un engagement collectif et multi-sectoriel en faveur de l’environnement.

Les enjeux climatiques aujourd’hui et demain face à une nécessité d’agir

L’auteur de la recherche fait voir qu’à l’allure actuelle, les institutions scientifiques dont les recherches sont braquées sur les enjeux climatiques, notant qu’entre 2011 et 2020, le monde a enregistré des moments d’extrêmes chaleurs, faisant de cette décennie, la plus chaude depuis l’époque préindustrielle. Il cite le site climate.ec.europa.eu, et mentionne que, rien qu’en 2019, la température moyenne de la planète se situait autour de 1,1 degré celsius, alors que les efforts des États visaient à maintenir la température globale en deçà de 1,5 degré.

Malheureusement, se désole-t-il, à chaque décennie depuis un temps, les scientifiques notent une augmentation décennale régulière de 0,2 degré.En décembre 2024, lors de la cop 29 à Bakou en Azerbaïdjan, John rappelle que les ONG de défense de l’environnement ont poussé un cri d’alarme quant au niveau de montée brutale des effets du changement climatique incluant cyclones, fortes chaleurs, pluies diluviennes, entraînant des morts, l’ insécurité alimentaire, des migrations climatiques,… accentuant des crises sanitaires dans le monde.

Cette mobilisation visait, selon lui, à inciter les pays pollueurs à mobiliser un fonds climatique pouvant aider les populations victimes du changement climatique à faire face à ses effets.

Peur d’extinction d’espèces

À ce sujet, John TSONGO s’inquiète de l’extinction de certaines espèces par le changement climatique et exhorte le monde à agir pour le climat. Il pousse une alerte je cite:

“À l’allure où s’accélèrent les effets du changement climatique, il s’avère que la menace devient de plus en plus aggravante. Les chercheurs ont démontré que plusieurs espèces marines et terrestres menacées et touchées directement par le changement climatique ont quitté leurs niches écologiques pour trouver refuge dans endroits jugés propices à leur vie. Certaines espèces seront encore plus menacées d’extinction si aucune mesure n’est prise pour limiter le changement climatique. Il faut donc agir”, fin de citation.Éducation environnementale, porteuse de l’avenir de la planète.

Faire face au changement climatique s’inscrit sur deux béquilles, selon cet écrivain et chercheur. D’un côté la prévention et de l’autre, l’adaptation. Mais alors, que ce soit question d’inciter les uns et les autres à prévenir ou à s’adapter aux effets du changement climatique, tout passe, insiste-t-il, par le recours à l’éducation environnementale.

Pour ce chercheur en environnement “ On ne peut pas préserver ce que l’on ne connaît pas. Non plus, on ne peut pas s’adapter à ce que l’on ne connaît ni ne comprend pas. Voilà même où l’éducation environnementale trouve son sens”. Il essaie d’expliquer cette évidence en se posant certaines questions telles que : comment éduquer ? Et quels sont les voies et moyens pour atteindre ses objectifs en EE ? Y apportant réponse, il lève le voile sur l’existence de plusieurs techniques et stratégies devant être mises en place pour la réussite de l’éducation environnementale sur tous les plans.

John TSONGO propose cependant:

“la sensibilisation de bouche à oreille ou de porte à porte; la sensibilisation dans des tribunes populaires, dans certains villages on parle de barazza ;

l’Implication des leaders d’opinion: les pasteurs, les prêtres, les acteurs de la société civile, des professeurs d’Universités, des chercheurs ou des journalistes, des chefs des villages, des cités, des villes,… pour des sensibilisations sur les enjeux environnementaux dans toutes les instances des masses, des églises en passant par des colloques, des symposiums, des conférences;…

Le recours aux médias traditionnels : des radios notamment pour des émissions d’éducation des masses sur les informations générales sur les enjeux environnementaux, les relations homme-nature, leurs effets sur les espèces humaine, animale et végétale ;

Le recours aux médias digitaux incluant les nouvelles technologies avancées dans le monde du numérique et réseaux sociaux tel Facebook, YouTube, tiktok, LinkedIn,…”

Des petits gestes qui sauvent notre environnement

« Toute éducation environnementale devrait s’assurer qu’à son issue, les communautés éduquées sont à même de comprendre tous les facteurs combinés qui entrent en ligne de compte pour perturber l’environnement et le climat. À cela devrait alors s’ajouter la maîtrise, la compréhension et l’intégration dans le quotidien, d’un arsenal d’eco-gestes à observer scrupuleusement pour le bien de l’environnement » écrit John dans son rapport de recherche.

Il distingue par ailleurs, deux grandes activités relatives aux petits gestes qui sauvent notre environnement, entre autre “ La lutte contre les facteurs de dégradation environnementale et les éco-gestes ».

S’agissant des éco-gestes John sensibilise que « toute personne doit combattre la déforestation par recours au charbon de bois, en utilisant les briquettes écologiques soit le gaz.

Combattre de la déforestation à la recherche des espaces cultivables ; à la recherche du bois d’œuvre ; à la recherche des minerais. Les populations peuvent également faire recours aux énergies fossiles (essence, mazout, benzène, kérosène,…) pour la locomotion ; recours aux élevages intensifs producteurs d’ammoniaque ; diminuer le phénomène naturel d’effet de serre, de la couche d’ozone laissant place à la pénétration des rayonnements infra rouges, nuisibles à la vie humaine, avec des effets sur la hausse de la température suivie de la fonte des glaciers déversant leurs eaux supplémentaires dans les océans et mers avec comme conséquence, la montée du niveau des mers ;

Eviter l’usage abusif, pollution excessive, de l’eau, le gaspillage alimentaire…”

À cela, il faut ajouter, insiste-t-il, “ La gestion responsable des déchets plastiques, le recours aux énergies renouvelables et aux cuisinières à faible consommation carbonée, recours aux biogaz et au gaz butane comme celui découlant du gaz méthane ou du gaz naturel liquéfié, recours à l’énergie solaire ou l’énergie renouvelable, restaurer les écosystèmes par la reforestation, le recours à une agriculture biologique et/ou incluant l’agroforésterie appelé aussi l’agriculture intelligente, développer et encourager des recherches visant à obtenir des espèces végétales et animales susceptibles de s’adapter aux caprices climatiques actuelles, coupler aux élevages, des dispositifs de conversion d’ammoniaque en gaz énergétique, réduire les gaz à effet de serre en encourageant par exemple le covoiturage, le recours aux voitures électriques, renforcer les politiques de restauration des écosystèmes et de protection des espèces animales marines et terrestres, encourager une gestion rationnelle de l’eau, y compris le recours aux cultures moins consommatrices d’eau, faire un usage rationnel des aliments et encourager la consommation locale et le recours à l’entrepreneuriat écologique,…” Un impératif…

À l’heure actuelle, « la compréhension des enjeux, défis et informations nécessaires sur l’environnement et le climat est essentielle, pour peaufiner des politiques d’adaptation aux effets du changement climatique et de prévention des facteurs accélérateurs de ce dernier.

Ainsi, l’éducation environnementale s’offre aujourd’hui, comme une approche percutante au cœur des solutions pertinentes à mettre en place pour réduire ou atténuer les effets du changement climatique ou pour s’y adapter le mieux qu’on puisse” conclut John.

Retenez que l’éducation environnementale en RDC a connu plusieurs défis en particulier, avant la colonisation. L’histoire nous dit que l’éducation environnementale était connue sous forme d’activités collectives ou individuelles réalisées dans une agglomération pour un engagement vivant à trouver la solution aux problèmes environnementaux et pour la préservation de la nature. A l’époque coloniale, la plupart de ces travaux étaient forcés déduits donc en un travail de la terre à la main, sous pression de l’homme blanc. Cette approche avait alors diminué la valeur de l’engagement personnel au sein de la paisible population de la République du Congo.Dès que la Belgique proclame l’indépendance du Congo, le Maréchal MOBUTU SESE SEKO KUKUNGBENDU WAZABANGA introduit la notion de l’éducation civique et morale dans l’enseignement primaire et secondaire, un cours qui incarne l’éducation de citoyen zaïrois sur tous les plans. Aux côtés de ce cours de morale, il impose le SALONGO ( un ensemble des travaux communautaires) obligatoire sur toute l’étendue de la République, que ça soit dans les etablissement scolaires ou dans toutes les communautés. Les zaïrois ont eu alors une notion trop élargie de l’éducation environnementale où chaque personne devait se présenter au SALONGO avec des matériels de travail. Dans chaque quartier du village l’on pouvait facilement trouver un groupe d’agents d’assainissement appelés « brigade d’assainissement ». Des fruits positifs de ces travaux ont été visibles partout. Les rues et avenues des villages étaient assainies.

Actuellement, la RDC connait un engouement des mouvements des jeunes et des organisations environnementaux œuvrant pour la promotion de l’éducation environnementale, la protection de la biodiversité, la préservation de la nature, le nettoyage des océans, lacs, et rivières, la protection des zones arides,… elles sont encore des bénévoles, et sont presque partout dans le pays. Elles méritent le soutien et l’encadrement des dirigeants.

Denise KYALWAHI

Happy
Happy
100 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post RDC : Le café, cacao miel et piment congolais déclarés meilleurs sur le marché européen

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *