Éthiopie: la COP32 sera, sauf surprise lors de son adoption par les États, organisée en Éthiopie en 2027

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Dans un entretien exclusive accordé à la RFI Mr Sena Alikua exprime sa satisfaction face à la décision prise à la cop 30 à Belém au Brésil pour la prochaine cop 32 qui aura lieu en Ethiopie sauf changement.

Sena Alouka : C’est une grande satisfaction. Après l’Afrique du Sud et le Maroc1, c’est le moment de ramener la COP sur le continent2. Mais pas dans n’importe quel pays : dans un pays qui symbolise la renaissance africaine. L’Éthiopie vient d’inaugurer le grand barrage de la Renaissance africaine, presque entièrement sur fonds propres. C’est un énorme miracle ! La COP32 sera donc, bien sûr, le moment de démontrer les solutions africaines, pour que l’Afrique puisse, aussi, être au centre des négociations climatiques.

L’Éthiopie est non seulement le siège de l’Afrique, mais c’est aussi le pays dont tout le monde rêve d’avoir comme pays d’origine, puisque dans l’histoire, c’est celui qui a pu vaincre l’envahisseur, notamment l’Italie, et qui a pu se construire presque tout seul. Aujourd’hui, c’est le pays presque le plus libre du continent et le pays de ce qui est au cœur des négociations : la justice.

Certes, l’Éthiopie fait face à ses problèmes internes. Mais nous sommes sûrs que ce sera avec cette COP une occasion de pouvoir rafistoler tous les tissus de la société, mais surtout de montrer que l’Afrique est capable de grandes choses.

Addis-Abeba a-t-elle l’infrastructure logistique, notamment la capacité hôtelière, pour accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes ?

L’Éthiopie a déjà accueilli de grands sommets. Récemment, le Sommet africain du climat a rassemblé entre 20 et 25 000 personnes, selon les autorités. [À Addis-Abeba], la capacité hôtelière est d’environ 15 à 20 000 personnes. Donc, d’ici deux ans, on pourra construire et améliorer des infrastructures qui sont peut-être vieillissantes. Il y aura la capacité d’aller à 50 000 personnes. Et puis il y a plein de villes à dix minutes de la capitale. Donc l’Éthiopie va très bien faire l’affaire. Nous avons confiance.

Vous êtes resté au Togo, car vous avez décidé de ne pas participer à cette COP. Pourquoi ?

Après trois COP dans des pays pétroliers, je pense que ces COP deviennent de plus en plus un véritable imbroglio où davantage de délégués du secteur privé prennent le devant,

Ensuite, c’est bien d’aller en Amazonie, à Belém, au cœur de la forêt. Mais les capacités hôtelières ne sont pas satisfaisantes. Les prix des hôtels étaient au-delà de nos capacités.

Pour ces deux raisons, j’ai décidé de rester chez moi, de faire quelques économies de CO2. Je participe aux négociations, je donne mes avis à la délégation togolaise.

Pourquoi pas une COP en ligne ? J’aimerais que ce soit la voie pour une nouvelle forme de négociation à l’avenir. On l’a fait en partie avec la COP à Glasgow.

On peut se passer de toute la jamboree (= rassemblement, NDLR) climatique dans les pavillons, dans les événements parallèles, pour se concentrer sur la partie des négociations. Parce que c’est une Conférence des Parties à la base, nous y allons pour négocier. Ce n’était pas une réunion pour venir exhiber le savoir-faire de tel ou tel pays.

On prend un mois pour faire les négociations, tout ça en ligne. Ensuite, les négociateurs se retrouvent dans une ville, physiquement pour parapher les choses, finaliser, mettre les points sur les I et puis on avance. On aura fait énormément de bien à l’humanité.

Que voulez-vous dire au sujet du secteur privé ?

Si on ne réfléchit pas aux alternatives, on risque d’avoir soit une COP des élites, soit une COP qui devient un marché public. Là, actuellement, c’est les deux. Je suis pour les rencontres, pour que l’humanité se retrouve, mais là, il y a trop de mélanges.

Les responsables du secteur privé sont plus nombreux que la plupart de toutes les délégations de l’Afrique subsaharienne réunies. Quand tu prends 700 délégués de Nigeria, à peine 150 sont négociateurs. Il y a les compagnies pétrolières sur le devant de la scène, mais aussi les grandes fondations, les fonds de pensions qui les financent, ou bien les acteurs du marché carbone. Pour nous, le marché carbone, c’est un marché de dupes qui n’est pas du tout une bonne solution à la crise climatique.

Ces personnes, principalement américaines ou européennes, sont là pour faire perdurer le système des énergies fossiles, ils ne sont pas là pour le climat, mais pour faire du business du climat et faire perdurer le climato-scepticisme.

Vous suivez pour le groupe la thématique des forêts. Comment accueillez-vous la TFFF du président Lula ?

C’est bien que le président Lula ait pu prendre cette initiative bienvenue qui replace la forêt au cœur des négociations. Le groupe africain a toujours mis l’accent sur le fait que la forêt du bassin du Congo, la deuxième plus grande après l’Amazonie, soit mise au centre et financée pour que les populations puissent continuer à pratiquer leurs savoirs [20 % des bénéfices sont réservés aux populations autochtones et aux communautés rurales, NDLR].

Mais en tant que citoyen, on a aussi toutes les raisons de craindre que ces fonds atterrissent encore dans les grandes banques. Parce que si on met ce fonds aux mains de la Redd+ ou qu’on développe l’article 6.2 de l’Accord de Paris pour voir comment on peut encore faire du business de la forêt [Redd+ et articles 6.2 sont relatifs aux marchés carbone], nous craignons que les populations ne puissent pas rester dans les communautés ou que toute initiative de développement soient bloquées au niveau des forêts. Ce sont ces éléments de doutes que nous avons en tant que citoyens.

Comment jugez-vous le début de cette COP ?

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Le début de la COP montre des signaux positifs : c’est bien qu’on parle de forêt, de méthane, de financement, mais ce n’est pas suffisant. Beaucoup d’annonces restent floues et contradictoires. Par exemple, il y a eu des annonces sur les biocarburants dits durables [souhait du Brésil de les multiplier par 4, NDLR], mais nous estimons que ce n’est pas la solution. Le monde a faim : on ne peut pas remplacer nos cultures de maïs ou de manioc par des cultures de canne à sucre ou de jatropha juste pour nourrir les voitures du monde entier.

Ce sont les annonces du début. Nous allons observer, exiger et si nécessaire dénoncer ce qui ne se traduit pas en action. Cette COP est une étape qui doit transformer la justice climatique en réalité tangible pour les peuples les plus affectés.

(1) Le continent a déjà hébergé plusieurs rendez-vous climatiques annuels depuis 1992 : à Marrakech (Maroc) en 2001 et 2016, à Nairobi (Kenya) en 2006, à Durban (Afrique du Sud) en 2011 et à Charm el-Cheikh (Égypte) en 2022. Le lieu de la COP31 fait toujours l’objet de discussions. Le choix se fera entre l’Australie, en partenariat avec les îles du Pacifique, et la Turquie.

(2) L’attribution tournante des villes se fait par groupes régionaux, qui correspondent plus ou moins aux continents

L’Éthiopie l’emporte sur le Nigeria

Depuis l’annonce de la candidature officielle de l’Éthiopie lors du deuxième sommet africain sur le climat en septembre dernier, le match était engagé avec un autre géant du continent, le Nigeria. Mardi 11 novembre à Belém, le Bureau des pays africains a tranché et a unanimement décidé de soutenir la capitale éthiopienne qui souhaite jouer un rôle majeur dans la diplomatie climatique mondiale. Pour convaincre, l’Éthiopie a mis en avant son engagement environnemental comme le lancement, en 2019, d’un vaste programme de reforestation avec des impacts positifs sur la protection des sols, la restauration des écosystèmes et le refroidissement des terres.

Mais organiser une COP est une entreprise d’envergure, nécessitant non seulement une expertise technique et diplomatique, mais aussi une capacité logistique à accueillir des milliers de participants. L’Éthiopie est prête à relever le défi pour montrer que le continent des origines est prêt à devenir le continent des solutions, comme l’a déclaré son Premier ministre Abiy Ahmed.

« Nous saluons la confirmation de la tenue de la COP32 en Éthiopie et nous réjouissons de cette occasion de renforcer les priorités, les solutions et le leadership de l’Afrique en matière de climat, a salué Rukiya Khamis, de l’ONG 350.orgNous appelons toutes les parties à sortir de l’impasse de la COP31 afin de ne pas compromettre la dynamique à un moment crucial pour l’action climatique. Le Pacifique a clairement exprimé son soutien à une COP organisée conjointement par l’Australie et les pays du Pacifique, par respect pour leur dignité et en reconnaissance des réalités vécues en première ligne par les communautés du Pacifique. »

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