
La 30ᵉ Conférence des Parties, organisée cette année à Belém, n’a pas seulement été marquée par les négociations officielles. Dans les rues, autour des pavillons et jusque dans les couloirs du centre des conventions, des militants écologistes ont donné une force nouvelle à leurs revendications en dénonçant avec vigueur les pratiques d’écoblanchiment des grands pollueurs.
Parmi les mobilisations les plus marquantes, une action largement médiatisée a retenu l’attention : un « bingo de la transition juste », mené par des activistes vêtus de vestes rouges. L’action, à la fois ludique et percutante, a transformé les allées du sommet en un espace de pédagogie citoyenne et de dénonciation.
Une ambiance de mobilisation permanente à Belém
Dès les premiers jours de la COP30, les militants ont occupé places publiques, zones d’accès et espaces de la société civile pour faire entendre leur voix. Des chants, des banderoles multicolores et des slogans vibrants ont littéralement enveloppé Belém.
Au-delà du bingo, plusieurs autres manifestations se sont succédées :
- marches pacifiques menées par des peuples autochtones d’Amazonie, drapés de peintures traditionnelles et réclamant le respect de leurs territoires ;
- sit-in silencieux devant le pavillon de l’industrie fossile, dénonçant les stratégies de communication « vertes » visant à masquer la poursuite des activités polluantes ;
- performances artistiques imitant la suffocation de la planète, très relayées sur les réseaux sociaux ;
- flashmobs organisées par des jeunes militants, scandant : « No more green lies ! ».
Ces manifestations ont donné le ton d’une COP où les revendications populaires ont été omniprésentes.
Le “bingo de la transition juste” : une critique directe des fausses solutions vertes
Organisée par ActionAid et le Mouvement populaire asiatique sur la dette et le développement (APMDD), cette action a capté les regards des délégués du monde entier. Les militants ont parcouru les pavillons avec des grilles colorées représentant les promesses – parfois non tenues – des États et entreprises sur la transition énergétique.
Au verso, un second jeu exposait les pratiques d’écoblanchiment :
captation de carbone « miraculeuse », promesses de neutralité en 2050 sans plans concrets, recours disproportionné aux compensations, partenariats industriels maquillés en initiatives vertes…
Chaque case cochée représentait une critique, un retard ou une mesure jugée insuffisante pour réduire réellement les émissions. Les ONG interpellent les décideurs : une transition juste doit mettre les populations au centre
Pour Teresa Anderson, responsable mondiale de la justice climatique chez ActionAid, les discussions techniques ne doivent surtout pas occulter la réalité vécue par les communautés en première ligne.
« Les femmes, les travailleurs, les petits agriculteurs et les communautés autochtones sont les premiers touchés lorsque les politiques climatiques sont mal pensées. Ils doivent être présents, consultés et entendus. »
Elle insiste sur l’importance d’un mécanisme mondial de transition juste, qu’elle espère voir inscrire dans les conclusions officielles de la COP30.
L’espoir d’un mécanisme mondial : une revendication portée depuis des années
De son côté, Lidy Nacpil, coordinatrice de l’APMDD, estime que la COP30 pourrait franchir un seuil historique.
« Si un mécanisme mondial pour la transition juste est adopté, ce sera une avancée majeure pour la dignité et la vie de millions de personnes. Mais seulement si tous les secteurs — travailleurs, communautés, peuples autochtones — obtiennent une place formelle dans ce dispositif. »
Elle rappelle que cette demande n’est pas nouvelle. Depuis des années, syndicats, mouvements sociaux, organisations féministes, jeunes activistes et peuples autochtones travaillent ensemble pour défendre un cadre global réellement inclusif, aujourd’hui appelé “mécanisme d’action de Belém”.
Un message clair résonne dans Belém : la transition ne sera juste que si elle est populaire
À mesure que les négociations avançaient, les manifestations se faisaient plus sonores, plus visibles, rappelant aux gouvernements leur responsabilité. Les militants dénoncent un décalage persistant entre les discours et les actes réels, surtout de la part des grandes entreprises fossiles, très présentes dans les zones d’exposition.
Dans un contexte où la COP30 tente de concilier urgence climatique et justice sociale, les mobilisations citoyennes ont joué un rôle déterminant pour maintenir la pression.
Leur mot d’ordre, scandé en plusieurs langues, a traversé les rues de Belém :
« Nous voulons une transition juste — et nous la voulons maintenant ! »
