Pourquoi aujourd’hui il y a tant d’épidémies qu’il y en a eu dans le passé ? Quels liens établir pour l’heure, entre les épidémies et l’environnement ? Peut-on dissocier ces éléments l’un de l’autre ? Ce sont en tout cas quelques-unes parmi les nombreuses questions qui motivent la rédaction de cet article qui revient sur les liens entre les épidémies et l’environnement, pour comprendre les dessous des cartes d’un enjeu de taille mais qui le plus souvent échappe à la compréhension de plusieurs.
En effet, pour peu qu’il faut se donner la peine d’en parler, les liens entre l’environnement et la santé sont une évidence dont on ne peut se passer. Il est donc pour le Docteur Stéphane Anse Batey, impossible de parler de la santé sans faire allusion à l’environnement.
L’origine environnementale des maladies…
Qu’elles soient des pandémies, épidémies ou maladies de quel genre que ce soit, toutes sont d’origine environnementale. En plus forte raison encore, partant de l’évidence telle qu’il existe des maladies acquises aux animaux susceptibles de s’attaquer aux hommes (zoonoses) à l’instar de la rage, le coronavirus ou encore la maladie à virus Ebola, en lien direct avec les animaux (sauvages et domestiques), l’argument établissant les liens entre l’environnement et les maladies trouve sa place.
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Détendeur de plusieurs Masters notamment en santé et environnement, en santé et économie ou encore en vaccinologie appliquée, responsable du programme élargi de vaccination en province du Nord-Kivu, le Docteur Stéphane Anse Batey dont les idées corroborent avec les informations du site internet ncbi.nlm.nih.gov, rapporte que l’histoire des épidémies et des pandémies démontre qu’elles résultent le plus souvent de la responsabilité de l’homme. En détruisant par leurs incursions répétées les écosystèmes jusque-là préservés, les humains sont allés au contact de la faune sauvage.
Démographie, environnement, maladie… une question d’interconnexion…
Partant des informations de toupie.org, le monde renferme plus ou moins 12 170 millions d’hectares de terres habitées, c’est en d’autres termes la proportion de 7037 millions d’humains. Ce qui veut dire qu’une fois repartie équitablement, chaque humain aurait droit à 1.73 hectare de terre plus ou moins fertile, forêts et forêts tropicales comprises. Mais hélas, ce n’est pas ce qui se fait.
Avec une tentative exponentielle de croissance de la population mondiale qui avance rapidement vers les 8 milliards, la densité est passée jusqu’à 1000 habitants par kilomètre carré de terre, selon Marcovasco.fr. Ces chiffres trahissent de facto, la densité moyenne dans le monde, qui est de 138 habitants par Km2 en moyenne, avec un excédent de 862, soit 86,2 % de taux de croissance.
En ce sens, revient le Docteur, en mesure la population augmente, en mesure elle cherche des espaces cultivables et habitables. C’est ce qui explique que chaque année, la Chine rase des centaines d’hectares de forêts où établir des nouvelles villes enfin de répondre aux besoins de sa population.
Or, s’appuyant sur les données de salamandre.org, chaque mètre carré de terre renferme plus ou moins 150 grammes de masse moyenne de tous les animaux vivant dans un sol de prairie. C’est entre autre, l’équivalent de 260 millions d’individus par mètre carré. Partant donc de ces valeurs, tout en sachant qu’un hectare renferme 10 000 mètres carrés, et qu’un kilomètre carré renferme un million de mètres carrés, il s’aperçoit qu’en détruisant un hectare, on laisse en souffrance ou carrément on tue 2 600 000 individus (Deux millions six-cent milles individus détruits, soit 2 600 000 000 000 (Deux billions six cents mille milliards) d’êtres vivants voués à la mort…
Ces êtres acceptent-ils de mourir et disparaitre sans raison ? Impossible ! C’est leurs représailles sur la santé des gens, qui se traduisent par une prolifération des maladies, suite évidemment à ce déséquilibre créé par l’homme. La multiplicité d’épidémies est donc pour le Docteur, une vengeance des microbes et autres êtres qui se sentent lésés ou mieux agressés par les actions anthropiques.
Par ailleurs, en mesure l’homme détruit la nature, en mesure la nature cherche à répondre par une vengeance. En mesure l’homme se livre au braconnage, en mesure il entraîne un déséquilibre écologique… Et si donc un homme tue une chauve-souris, il entraîne un vide de 1000 insectes nuisibles qui ne seront plus absorbés. Et de toute évidence, la question de qui va jouer le rôle de cette chauve-souris, sinon un vide écologique, trouve sa place.
Ce n’est pas tout !
À en croire Ouest-france.fr, Chaque habitant de la planète jette plus ou moins 21 mille bouts de particules plastiques à même le sol ou dans les eaux à travers le monde Chaque année qui passe. Et, contextualisant avec Goma, Anse Batey craint que nous ne nous retrouvions dans les cinq ou 10 ans à venir, face à un sol stérile, miné par des déchets plastiques, effet toujours de l’homme sur l’environnement, quand on sait que la décomposition d’un déchet plastique prend autour de 300 ans (3 siècles). C’est donc, en dehors des maladies qui découleraient de ces déchets plastiques, un danger imminent de faim, qui s’affiche comme une menace difficile esquiver si rien n’est fait en termes d’endiguer la pollution plastique. A force d’accumulation des déchets plastiques, les sols risquent de devenir stériles et inutiles à l’agriculture, craint le Docteur, et cela ne viendra pas sans d’autres nouvelles maladies, fait-il attentionner.
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Épidémies et transmission, une histoire de conjoncture…
Alors que le monde vibre au rythme des vicissitudes des enjeux climatiques, il est curieux que l’action anthropique qui a accentué la vulnérabilité des populations aux pandémies et épidémies s’affiche également comme une évidence. Mais peut-on se passer de la scelelerité avec laquelle ces épidémies et pandémies colonisent des zones ? Peut-on se passer tout de même du degré de vulnérabilité des peuples à ces fléaux ?
La réponse à toutes ces questions est non ! Car par exemple en RDC, explique le Docteur Jackson MUMBERE attaché au programme élargi de vaccination (PEV) Nord-Kivu en RDC, la vulnérabilité du peuple congolais à ces fléaux sanitaires, est dorénavant justifiée par l’extrême pauvreté, l’instabilité, les guerres permanentes, les mouvements de la population, la croissance démographique exponentielle, la promiscuité dans les camps des déplacés, les crises alimentaires, le taux d’analphabétisme et autres.
Offrant tous ces avantages à la vogue des épidémies et pandémies dans le pays, la RDC s’affiche incontestablement comme ayant besoin des vaccins pour pallier ces défis. Mais comment expliquer à la population qu’il lui faut des vaccins, choses auxquelles elle ne s’est peut-être pas habituée ? Voilà une autre question qui mérite une attention. Y apporter réponse, fait penser à la mise en place d’une politique multisectorielle de riposte contre les épidémies et pandémies, y compris celles influencées directement par le déséquilibre environnementale. Faut-il encore faire savoir qu’une telle approche doit inclure les journalistes, les relais et leaders communautaires et religieux,… Bref, tous ceux qui peuvent concourir à faire comprendre à la population la dangerosité liée à telle ou telle autre maladie et les vertus des vaccins pour y faire face.
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Que faire ?
Anse Batey est sans équivoque : « Nous devons tout faire dans le respect de l’environnement, pour éviter que les animaux ne viennent se venger notre nous » conseille-t-il. Oui ! Car c’est justifiable : en mesure l’homme détruit la nature, en mesure la nature cherche à répondre par une vengeance. En mesure l’homme se livre au braconnage, en mesure il entraîne un déséquilibre écologique…
A titre d’exemple, le Docteur Anse explique qu’une chauve-souris est en mesure de consommer en une journée, 1000 insectes nuisibles à l’homme. Et que donc, si un homme tue une chauve-souris, il entraîne un vide de 1000 insectes nuisibles qui ne seront plus absorbés. D’où, la nécessité de la question : qui va jouer le rôle de cette chauve-souris, sinon un vide écologique ?
Eu égard à toutes ces évidences, Anse conseille que toutes ces questions soient prises au sérieux : cela suppose la culture de la moralité dans la lutte pour la sauvegarde de l’environnement, l’accroissement du budget alloué à la recherche scientifique, pour adapter la recherche des solutions aux bouleversements du climat et de l’environnement, l’abstention vis-à-vis de la chasse et la consommation des viandes qui en sont issues…
John TSONGO, Journaliste et écrivain Africain passionné des questions de science, environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire.
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