La COP 27 avait laissé de nombreux dossiers en jachère. La COP 28, celle du premier bilan des efforts, fera-t-elle mieux ? Les enjeux sont nombreux, mais les multiples tensions internationales ne faciliteront pas la tâche de ses organisateurs. Plusieurs observateurs, chercheur, jeunes, leaders et décideurs du monde ont pris part à cette assise important pour l’humanité. Africa Conserve our Environment est représenté à la Cop par ATIA MONO Jean-Bienvenu, coordonnateur général de l’association ayant son siège au Togo
Pour ATIA MONO Jean-Bienvenu, « Si la majorité des pays et des parties à la convention s’accordent sur le constat de l’insuffisance des actions en cours pour le climat, à l’échelle de la planète, et sur la nécessité d’aider les pays en développement à les mettre en œuvre, des divergences importantes persistent sur les leviers à actionner et sur la répartition des efforts. Des discordances auxquelles s’ajoutent des tensions géopolitiques et économiques, sur fond de crise énergétique et de défiance, entre les états du Nord et ceux du Sud notamment.
C’est donc dans une ambiance particulièrement tendue que s’ouvre la COP 28, jeudi 30 novembre, à Dubaï. Et son président, le très controversé Sultan Al Jaber, à la tête de la compagnie pétrolière Adnoc, aura fort à faire pour concilier tous les antagonismes et dégager un consensus sur un texte final. « Les discussions risquent d’être vives, difficiles, voire très difficiles. Les attentes sont fortes mais la confiance est très faible », estime Mark Tuddenham, responsable de l’information du Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique (Citepa), fin connaisseur de ces conférences.
L’épineux problème des dédommagements
Parmi les sujets qui fâchent figure d’abord la question des « pertes et préjudices », autrement dit le dédommagement des pays vulnérables pour les dégâts occasionnés par les catastrophes climatiques. Une avancée très importante pour les principaux intéressés, actée lors de la COP 27 de Charm el-Cheikh, en Egypte. Reste à la rendre rapidement opérationnelle. À cet effet, la création d’un fond spécifique, et d’un comité de transition ont été décidé. Mais de nombreux points demeurent en suspens. Qui seront bénéficiaires, les pays les moins avancés et les petits pays insulaires, comme le souhaitent l’Union européenne, les Etats-Unis ou l’Australie ? Ou l’ensemble des pays en développement comme le préconisent la Chine ou le Pakistan ?
Volontairement ou pas, les pays industrialisés deviendront-ils les seuls contributaires ou faudra-t-il y inclure la Chine, le Quatar et l’Arabie saoudite ? Le montant et la forme de leur participation, dons ou prêts, soulèvent eux aussi des questions. Certaines organisations réclament l’instauration d’une taxe sur les énergies fossiles afin d’étoffer ces fonds. Elle pourrait rapporter, selon le Climate Action Network (CAN), quelque 210 milliards de dollars. Enfin, la désignation du gestionnaire suscite l’inquiétude des pays en développement qui s’alarment d’une possible mainmise de la Banque mondiale, trop lente, trop chère et trop dépendante des Etats-Unis à leur goût. Le fonds pourrait être hébergé par cet établissement à titre transitoire pendant quatre ans, mais sous l’égide d’un secrétariat indépendant.
L’indispensable adaptation
Autre enjeu clé de cette COP, encore peu encadré : l’adaptation au changement climatique. La COP 27 était restée timide sur ce sujet, assez abstrait, préférant laisser à un programme de travail le soin d’en définir le cadre. Un plan devrait cette fois être étudié à Dubaï. Mais rien n’assure que les choses avanceront suffisamment, tant la définition de paramètres et d’objectifs communs s’avère difficile. Quant au financement des actions nécessaires, il est censé doubler pour passer à 40 milliards d’euros. Les besoins réels, eux, s’établiraient entre 215 et 387 milliards de dollars. À ce jour, aucun pays n’a réellement mentionné d’engagement sur ce point.
Celui-ci pourrait être d’autant plus mal ressenti que le financement de l’atténuation ne réalise toujours les objectifs. En 2009 à Copenhague, les pays développés s’étaient engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an entre 2020 et 2025 pour soutenir les initiatives climat des pays vulnérables et faciliter le transfert de technologies. Une goutte d’eau au regard du millier de milliards nécessaires mais un symbole fort. Ce montant n’a pas été atteint. Peut-être le sera-t-il en 2023, mais ces données s’avèrent relativement opaques. Pour Mark Tuddenham, il s’agit pourtant d’une « véritable clé pour avancer », susceptible d’instaurer plus de confiance dans les échanges. L’opportunité de rehausser cet objectif avait été étudiée, lors de la COP 27, mais sans trouver d’accord ; beaucoup soulignaient qu’il était trop tôt pour avancer un chiffre. Le dossier progressera peut-être cette année.
Le Fonds vert pour le climat (Green climate Fund) chargé de distribuer les fonds pourrait par ailleurs bénéficier d’une refonte. Opérationnel depuis 2015, il est critiqué pour la lenteur de ses procédures. En juin dernier, lors du sommet intermédiaire sur le climat de Bonn, 25 pays, Allemagne, France, Royaume-Uni et Etats-Unis en tête, ont déclaré l’abonder de 9,3 milliards de dollars, soit 600 millions de moins qu’en 2019. Le nombre de donateurs a par ailleurs baissé : ils étaient 45 en 2014, ils ne sont plus que 25 aujourd’hui. Les Etats du Golfe n’en font pas partie.
Qui est Sultan al-Jaber, le président de la COP28 de Dubaï, qui carbure à l’or noir et aux énergies renouvelables ?
Sultan al-Jaber est le patron de la compagnie nationale pétrolière émiratie est chargé de diriger la conférence de l’ONU pour le climat. Malgré ses ambitions vertes, sa nomination a suscité des interrogations. Fondateur de Masdar, géant émirati des énergies renouvelables, et directeur d’Adnoc, la compagnie pétrolière nationale, le tout juste quinquagénaire a œuvré, tout au long de sa carrière, à faire de son pays une superpuissance énergétique à deux têtes. D’après une enquête de la BBC publiée lundi, s’il est question lors de cette COP28 de donner un coup d’accélérateur aux énergies propres, son équipe aurait aussi profité de la préparation du sommet pour prospecter de nouveaux marchés dans les fossiles. Alors que seule une réduction drastique et rapide de notre dépendance aux hydrocarbures permettra d’enrayer la hausse des émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique, comme le martèle le dernier rapport du Giec, la casquette de pétrolier de Sultan al-Jaber fait de l’ombre aux enjeux de cette COP cruciale. Mais elle met en lumière sur la complexité de la transition attendue des pays pétrogaziers.
selon l’histoire ceux qui travaillent pour lui l’appellent « Docteur Sultan ». Le président de la COP28 est en effet titulaire d’un doctorat en commerce et en économie, obtenu à l’université de Coventry (Royaume-Uni). Avant cela, Sultan al-Jaber a étudié le génie chimique et pétrolier ainsi que l’administration des affaires aux Etats-Unis. Pour plus d’information sur la vie du président de la Cop 28 Cliquez sur ce lien.
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Cette COP sera aussi l’occasion de présenter le premier bilan très attendu des efforts collectifs de réduction des émissions et d’adaptation. Un « Global Stocktake » (GST) prévu tous les cinq ans par l’article 14 de l’Accord de Paris et destiné à éclairer les pays dans le cadre de la définition de leurs « contributions déterminées au niveau national » (CDN). Aujourd’hui, les résultats s’avèrent clairement insuffisants et des transformations sont attendues dans tous les secteurs, par tous les acteurs. Au-delà du constat, la COP 28 devra théoriquement en tirer des conclusions d’ordre politique, assorties d’un nouveau niveau d’ambition. Un sujet épineux puisqu’une fois ces orientations approuvées, chaque État devra ensuite les intégrer dans de nouvelles CDN.
La présidence de la COP soutient une réduction de 50 % des émissions du secteur pétrolier d’ici 2030. Mais au-delà des niveaux d’émissions, les échanges pourraient porter cette année sur la source de ses émanations, c’est-à-dire sur la consommation d’énergie fossile elle-même. Dans son rapport de synthèse, le Giec a clairement souligné la nécessité de les éliminer rapidement. Cette « sortie » des fossiles est néenmoins loin de faire l’unanimité. Si l’Espagne, la Roumanie, la Slovaquie, la Thaïlande et le Vietnam envisagent de se passer du charbon entre 2025 et 2040, ce n’est pas le cas de l’Inde et de l’Indonésie, par exemple, qui continuent à construire de nouvelles centrales. A la COP 27, l’Inde, appuyée par 80 pays, avait par ailleurs proposé de mentionnertoutes les énergies dans l’accord final, autrement dit d’y intégrer le gaz et le pétrole. Une option qui supposerait notamment de mettre fin aux nouveaux projets d’exploration et de production, ainsi qu’aux soutiens financiers à ces activités. L’Arabie Saoudite, l’Iran et la Russie s’y sont opposées. Les discussions tourneront sans doute autour des notions d’élimination ou de réduction progressive de la consommation de fossiles, avec ou sans captage et stockage de CO2.
L’énergie en débat
Parallèlement, l’objectif soutenu par l’Union européenne et les pays du G20 de multiplier par trois la production d’énergies renouvelables en 2030 sera débattu, de même que celui d’améliorer encore l’efficacité énergétique et d’accélérer le déploiement des technologies de captage et de stockage du carbone. Enfin, il sera également question de rendre les flux financiers compatibles avec un développement bas carbone.
Pour clore son discours, le coordonateur de Africa Conserves our Environment, précise que « quels que soient l’ampleur et la nature des accords qui seront peut-être trouvés à Dubaï, ils risquent dans tous les cas de manquer d’efficacité en raison du décalage entre la lenteur des procédures internationales et la réalité de l’urgence climatique. Entre 2021 et 2022, les émissions de gaz à effet de serre ont encore progressé de 1,4 %. Depuis 1990, cette augmentation atteint même 61 %. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) estime possible une baisse en 2035, voire en 2030, mais le réchauffement, lui, oscillera de toute façon entre + 1,4°C et 2,4°C en 2100. Si les tendances enregistrées par le système européen Copernicus ne s’infléchissent pas, le monde vivra de manière permanente avec une élévation des températures moyennes de 1,5°C dans dix ans seulement ».
Ces éléments nous ont été fournis via le rapport de l’association Africa Conserves our Environment, bien que n’étant pas surplace à Dubaï où se déroule la COP28.