Pollution plastique : aux grands maux des grands remèdes

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A Kinshasa en République Démocratique du Congo comme partout ailleurs dans le monde, les déchets plastiques dérangent et entravent aujourd’hui les efforts fournis pour le bien-être de la santé publique. Si Kinshasa, capitale de la RDC produit en lui seul 15.000 tonnes de déchets par jour,  dans le monde, plus de 5000 Milliards de débris de toutes tailles sont produits et se trouvent sur les eaux des mers, des océans, des lacs, des rivières et des fleuves. A l’heure qu’il est, les espèces animale, humaine et végétale, sont toutes touchées par les revers de ces déchets et nul n’est donc épargné. Aujourd’hui, la donne change peu à peu. Perçu au départ comme matières inutiles, les déchets deviennent au fil des ans, les matières premières pour alimenter les économies circulaires. En RDC, seuls les privés s’y investissaient. Mais la question a désormais touché l’attention des hautes autorités et c’est le ministère de l’industrie qui en assure la responsabilité enfin d’implémenter une politique de gestion des déchets sur fonds d’une économie circulaire… Quid de cette démarche ? Que font déjà les entrepreneurs congolais dans ce secteur ? Quels sont les sous-produits des déchets ? Que faire exactement pour que les déchets ne constituent plus un problème environnemental et de santé publique ? Que font les différents Etats outre la RDC pour contrôler ce fléau ?… Cet article répond à toutes ces questions.

La ville de Kinshasa en République Démocratique du Congo produit à elle-seule, 15.000 tonnes de déchets par jour. De ces déchets libérés au quotidien, 48% sont organiques, 11% sont des plastiques, 3% sont des papiers et cartons, 2% sont des métaux, 4% sont des bouteilles et verres, 15% sont des terres charriées çà et là, inclus les Céramiques et 17% sont d’autres catégories confondues…

Ces statistiques fournies par le ministère Congolais en charge de l’Industrie interpellent et font prévaloir la nécessité et l’urgence qu’il y a de prendre en main la question de la gestion durable des déchets. Heureusement, la donne a changé, et on voit de plus en plus aujourd’hui, les hautes autorités se soucier de la question.

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En effet, lors de la 119 ème réunion du conseil des ministres du vendredi 10 novembre 2023, le président Congolais Félix Antoine TSHISEKEDI, a enjoint le ministère de l’industrie à faire « un état de lieu sommaire de la filière industrielle dans le recyclage des déchets de la ville de Kinshasa et le projet de la chaîne de valeur de l’économie circulaire… », et ensuite « proposer des mesures incitatives, soutenues par une politique publique devant être dupliquée sur toute l’étendue de la République ».

Ce point évoqué par le président, faisait suite à l’appel du 27 octobre 2023, où encore une fois, le Chef de l’Etat avait confié au Ministère de l’industrie, « la responsabilité de créer une chaîne de valeur  de la filière industrielle des déchets ».

C’est ainsi qu’en foi de cette responsabilité, le Ministre Congolais en charge de l’industrie Julien PALUKU, a tenu à l’hôtel de ville de Kinshasa  quelques jours après, la 1ère réunion de la TASK FORCE sur la gestion et la valorisation des déchets dans la capitale. Avec le Gouverneur Gentini NGOBILA et des partenaires intéressés, le Ministre avait « analysé le nouveau modèle de cette économie circulaire où les déchets des uns devront être les matières premières des autres ».

Cette réunion a à cet effet, permis d’assigner aux équipes techniques mises en place, quelques indicateurs à atteindre lors de l’exploitation de cette filière de mise en valeur des déchets.

Par ailleurs, le ministère congolais de l’industrie fait savoir que « la filière industrielle de recyclage des déchets des produits plastiques, source de création d’emplois rémunérés tant qualifiés que non qualifiés dans la Capitale, n’a pas encore démarré de manière optimale, malgré la présence de quelques acteurs privés y opérant ».

Malheureusement, cela a comme retombées, « toutes les communes de la Capitale subissent le spectacle dégradant et inadmissible des déchets qui jonchent les rues, les caniveaux et les cours d’eau. En outre, la propension à générer un tonnage quotidien des déchets ménagers et industriels sera croissante du fait du développement socio-économique qu’enregistreront nos grandes agglomérations nationales en général, et particulièrement la ville de Kinshasa », poursuit toujours le ministère, d’où la nécessité et l’urgence de prendre en main cette question.

Nature et hommes, tous victimes des déchets

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Autant qu’ils nuisent à l’environnement, autant ils nuisent à l’homme. Aujourd’hui dans le monde, plus de 5000 Milliards de débris de toutes tailles se trouvent sur les eaux des mers, des océans, des lacs, des rivières et des fleuves, selon les scientifiques regroupés au sein de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), cités par panaradio.org.

Alors qu’en 2019, le monde n’avait produit qu’autour de 460 millions de tonnes de matières plastiques rapporte toujours ce site de la radio Panafricaine, cela équivalait au double de la production de l’an 2000 et ces statistiques pourraient tripler d’ici à 2060, si une politique holistique visant à endiguer ce phénomène ne sera pas mise en place, alerte pour sa part l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).

La pollution plastique, écrivent les Journaux Le Monde et Lacroix,  demeure encore un fléau qui échappe au contrôle des citoyens du monde, dans un contexte où 50 % des déchets sont stockés dans des décharges contrôlées ; 19 % sont incinérés ; et 9 % seulement subissent le recyclage.

Même la biodiversité subit une terrible menace. Une étude menée dans 57 pays par 141 chercheurs, indique que « Les 3 000 espèces connues sont fortement affectées par les conditions climatiques ». Sur la santé de l’homme, « l’exposition à ces substances plastiques provoque des troubles du système nerveux, des atteintes au système reproductif, et les troubles de développement, des cancers, leucémies et impacts génétiques telle que l’insuffisance pondérale à la naissance », écrit également à ce sujet, « the center for international environnemental Law ».

Fort de toutes ces évidences, le Maire de Goma, le commissaire supérieur Principal Kapend Kamand Faustin, a instauré une taxe hebdomadaire d’un dollar américain, auprès de chaque ménage, enfin de participer aux efforts de salubrité dans la ville. « Ce n’est pas une tracasserie. Mais c’est une gestion participative de la communauté aux efforts du maintien de la santé publique, pour nous épargner des épidémies. Nous devons tenir notre ville propre, et cela pour toujours. Parce qu’au-delà de l’environnement, notre santé en dépend. Et la santé c’est notre trésor », justifie le Maire.

Une démarche nécessaire…

Non seulement la question des déchets touche l’environnement, mais aussi elle entre en ligne de compte quand il faut parler des enjeux de santé publique. Et cette fois-ci, une fois mise en application,  cette politique de gestion des déchets permettra  d’épargner les communes de la capitale « des spectacles dégradants et inadmissibles des déchets qui jonchent les rues, les caniveaux et les cours d’eau », rassure le ministère de l’industrie, qui précise qu’une partie de cesdéchets sont aussi constitués d’épaves des véhicules, de pneus et d’appareils électroménagers.

Par ailleurs, bien que seul l’aspect ‘’dégradation de l’environnement’’ soit toujours mis en avant lorsqu’on parle des déchets, le site de la voix de l’Amérique « carnet de santé », note que cette question devrait également être prise et traitée dans la dimension de santé publique.

Le site rappelle qu’en lieu et place de consacrer plus d’efforts à former des Docteurs et autres professionnels de santé, l’Afrique devait plutôt faire autant pour assainir son milieu et cela passe par la formation de la population à se familiariser aux petits gestes d’hygiène. Il assure « qu’avant d’être une responsabilité collective, la santé est d’abord une affaire individuelle ».

Du rejet à la valorisation : une opportunité économique

Fabrication des pavés à Butembo

La dynamique change peu à peu. Les déchets, sans valeur pour les uns, sont en train de devenir des matières premières pour les autres. Une partie en fait usage pour réutilisation, alors qu’une autre s’en sert comme matière de base pour recyclage.

La priorité d’EXPO-VERT

Composé des journalistes et activistes environnementalistes, le cabinet d’expertise en matières d’environnement ‘’Expo-Vert’’, s’est fixé depuis 2022, l’objectif  ‘’Goma, zéro déchet plastique d’ici 2030’’. C’est dans le souci, d’inciter ou d’encourager les jeunes à faire plus recours aux économies vertes, respectueuses de l’environnement. Dans ce même optique, l’équipe d’Expo a organisé depuis 2022, une série de conférences en faveur des entrepreneurs verts, pour leur présenter les différents débouchés de cette donne entrepreneuriale, enfin de permettre que les déchets, matière dernière pour les uns, devienne une matière première pour les autres. Samedi 25 Novembre 2023, l’équipe d’Expo-Vert a procédé à un ramassage systématique des déchets plastiques au port public de Goma, y compris ceux qui étaient déjà entassés dans les falaises du lac-Kivu.

C’était selon son coordonnateur Glody TAMBWE, pour interpeller les consciences des usagers de ce lieu public et leur rappeler, « que la salubrité est une affaire de tous, et que chacun doit travailler de façon à rendre son environnement sain, pour le bien des générations contemporaines et futures… ». c’est pourquoi, poursuit-il, il fallait « sensibiliser la population et l’interpeller vis-à-vis des dangers qui nous guettent quand nous jetons sans contrôle les déchets à même le sol ».

Par ailleurs, plusieurs jeunes du Nord-Kivu ont fondé leur base économique sur la transformation ou la réutilisation des déchets.

Radeau fait à l’aide des déchets plastiques

Début Novembre 2023, un groupe de jeunes du Nord-Kivu a lancé sur le Lac-Kivu, le tout premier radeau construit à l’aide des déchets plastiques. Il s’agit selon MANTAMA, coordonnateur du projet ‘’Tufaulu pamoja’’ (réussir ensemble), « d’un assemblage de bois, des bouteilles plastiques et d’autres matériaux qui ont donné naissance à ce premier radeau made in Goma, dont le test de fonctionnement a été réalisé mardi 07 novembre 2023 sur le lac Kivu, en présence de l’équipe organisatrice du festival Suluhisho ya Kwetu, superviseure de cette création locale ».

Dans un récit retracé par Emmanuel Barhebwa à ce sujet, Nelson MANTAMA explique que cette initiative écologique, relève de l’examen d’une expertise de « rassemblage des bouteilles plastiques », pour nous rassurer avance-t-il, « que nous sommes en train d’apporter une réponse sur la préservation de notre planète, notre maison commune, la terre… Nous avons estimé que si nous recyclons les bouteilles et déchets plastiques, nous contribuons activement et pratiquement à la lutte contre la pollution du sol et de l’environnement … » Chute-t-il.

Entrepreneur vert spécialiste en transformation des déchets plastiques @photo naturelcd 2021

Fabrication des pavées

 En ville de Goma tout comme en territoire de Nyiragongo voisin, des entrepreneurs s’en pressent à transformer les déchets plastiques en pavés, pour pavage des rues et des cours des parcelles. « Tout ceci, pour essayer tant soit peu, de contribuer à juguler ce fléau qui nous guette », explique un jeune entrepreneur de Bukavu, responsable d’une usine de transformation des déchets en pavés.

Fabrication des poubelles

Dans les domaines comme la peinture et l’art, nombreux acteurs se servent des déchets pour faire différentes œuvres d’art. En ville de Goma, Evelyne MAGUMBA, jeune artiste peintre d’une vingtaine d’années, fabrique quotidiennement des ponts des fleurs, des poubelles et autres objets divers à l’aide des déchets plastiques. « C’est aussi notre façon de contribuer à garder propre notre environnement », justifie-t-elle. « En même temps, nous en gagnons quelque chose. Nos produits sont très appréciés. Les gens viennent en acheter, et ainsi nous gagnons la vie », se réjouit  Evelyne.

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Fabrication des fleurs à l’aide de certains déchets

En ville de Goma, Jospin, un enfant de 11 ans, contribue au paiement de sa scolarité grâce à la confection des fleurs d’ornement à l’aide des déchets plastiques. « Je fais des fleurs à l’aide des déchets plastiques. Par moment j’achète des flacons ou bouteilles usagers, par un autre moment, je ramasse ces mêmes matières abandonnées çà et là à même le sol. Je les travaille moyennant une  bistouri, je leur donne une forme et au bout d’un certain temps, je construis une œuvre que je vends aux consommateurs, et je vous assure qu’ils apprécient mon produit, » explique Jospin.

Grace à ce travail, Jospin gagne de l’argent qu’il épargne au quotidien, et cela l’aide à subvenir à ses besoins, y compris le paiement des frais scolaires, l’achat des habits et autres. « Je vends un bouquet des fleurs à 2500 ou 3000 FC. Et toutes les fois que je gagne, je garde. Quand je réalise un certain montant, en collaboration avec ma mère, j’achète des habits, des chaussures,… donc c’est un travail qui m’aide beaucoup », poursuit-il encore une fois. Il appelle à toute personne désireuse d’apprendre ce métier, de le contacter pour apprentissage. « Je lance un message à tous les enfants qui m’écoutent : venez, je vais vous apprendre comment travailler. Même les jeunes, venez, je vais vous apprendre », lance-t-il.

Fabrication des vans

Depuis plus de 3 ans, la coordonnatrice de l’organisation non gouvernementale ‘’Femmes unies pour le développement Intégrale’’ FUDEI, encadre des dizaines de femmes pour recycler les déchets plastiques ou les réutiliser. Elle et son équipe, travaillent à en faire des sacs, des vans, ou des paillassons. « Nous ramassons les sachets, nous les lavons, et nous en confectionnons des vans, des sacs et autres. Nous avons seulement besoin d’un appui de toute personne, pour faire davantage. Sinon, nous faisons de la valorisation des déchets, notre priorité », déroule Rachel MULULU KISONIA.

 Nécessité de fédérer les forces

« Aujourd’hui, la question des déchets est vraiment globale et pertinente. Et pour y faire face, nous devons avoir une vision commune, agir ensemble pour réussir ensemble… », Plaide pour sa part, Madame HARMAN Shako, responsable de l’ONG Congo-circulaire.

Par ailleurs, la problématique des déchets plastiques intéresse de plus en plus le monde entier, y compris les grands pollueurs. Voilà pourquoi ces derniers temps, « la communauté internationale a décidé de rêver grand », s’exclame le Journal Le Monde, rapportant le contenu de la réunion qui a regroupé du lundi 29 mai au Vendredi 3 Juin à Paris, les représentants de 175 pays et parties prenantes (ONG, industries,  etc.) pour tenter de s’accorder « sur les bases d’un futur traité international sur le plastique », dans l’objectif de mettre fin à la pollution plastique d’ici à 2040. Cette question sera également en discussion au cours de la 28 ème conférence des parties sur le climat, Cop28, à Dubaï aux Emirats Arabes Unis, pour tenter de trouver des solutions robustes et durables contre la pollution plastique à travers le monde.

John TSONGO : cofondateur de la radio Panafricaine, Journaliste et écrivain Africain, passionné des questions de science – environnement et recherche des solutions aux problèmes du millénaire.

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