

Dans la nuit du 4 au 5 avril 2025, Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, a été frappée par des pluies diluviennes d’une intensité exceptionnelle.
Le bilan humain est tragique : 70 morts, 6 disparus et plus de 150 blessés, selon le rapport présenté lors de la 39e réunion ordinaire du Conseil des ministres, tenue le 11 avril.
Des infrastructures de santé sinistrées, des milliers de ménages touchés.
Le ministre de la Santé publique, Hygiène et Prévoyance sociale, Roger Kamba, a fait état de lourds dégâts : 73 structures sanitaires ont été impactées dans 8 zones de santé, tandis que 21 606 ménages ont subi des dommages dans 10 zones.
En réponse, le gouvernement a lancé des mesures d’urgence, incluant la vaccination des enfants de moins de 5 ans et l’évacuation des blessés vers des centres de soins adaptés.
À ce jour, environ 5 570 sinistrés sont accueillis temporairement dans divers sites comme les stades des Martyrs et Tata Raphaël, l’Institut Lumumba et la Mission catholique de Kimwenza.


Des causes structurelles dénoncées.
Didier Tenge Litho, Ministre délégué à l’Urbanisme, a mis en cause l’urbanisation anarchique, le non-respect des normes de construction, l’incivisme des populations riveraines et l’entretien insuffisant des réseaux de drainage.
L’exemple de la construction inappropriée de l’église Shekinah Tabernacle illustre, selon lui, les défis majeurs liés à un aménagement urbain désordonné. Le Conseil des ministres a insisté sur l’importance de réformes structurelles pour prévenir de futures catastrophes : amélioration des systèmes de drainage, sensibilisation aux normes d’urbanisme, et élaboration de plans durables.
La société civile alerte le gouvernement
L’ONG de défense des droits humains JUSTICIA Asbl a vivement critiqué l’absence des services publics sur le terrain. Son président, Me Timothée Mbuya, dénonce une gestion inefficace : « Les populations se sont débrouillées seules.
Les services censés intervenir dans de telles situations ont brillé par leur absence », a-t-il déclaré à ACTULITE.CD.JUSTICIA Asbl appelle à une évaluation urgente des dégâts, un soutien aux familles touchées, et un renforcement logistique des services de protection civile. L’ONG demande aussi une présence policière accrue et des solutions de transport alternatif en cas de routes coupées.

Une crise de l’eau qui s’aggrave dans la ville.
Parmi les conséquences les plus critiques : le manque d’eau potable. Les inondations ont emporté des robinets, inondé des forages et détruit les réseaux de distribution. « Depuis le 4 avril, nous n’avons plus d’eau courante. Nous utilisons l’eau de pluie ou celle des forages chez les voisins, parfois même l’eau des rivières », témoigne Pierre MVUEZOLO PHOBA, analyste au ministère des Transports répondant à l’appel téléphonique de NATURELCD
Mais ces sources d’eau, non traitées, sont dangereusement polluées. Infiltrations des toilettes, déchets, constructions anarchiques et eaux stagnantes favorisent la prolifération des maladies hydriques.
MVUEZOLO s’inquiète : « s’approvisionner dans les sources et autres rivières est un appel au suicide car toutes leurs eaux sont fortement polluées suite aux déchets qui sont souvent jetés par les riverains. Les infiltrations issues des toilettes, des constructions anarchiques, des rivières bloquées, des eaux de pluie , et aussi de certaines sources qui ne coulent plus sont à la base de la pollution des eaux. »
Des causes historiques et humaines des inondations à Kinshasa
MVUEZOLO rejette l’argument du changement climatique, pointant plutôt la négligence collective : « La ville est sale. Les gens jettent tout dans les caniveaux. Ce n’est pas un problème climatique, c’est un problème de comportement. »
« Je suis climato sceptique, Je ne crois pas à tout ce que l’on raconte sur le changement climatique, beaucoup des choses sont venues par la négligence de l’homme. Tout ce que l’homme créé, dégrade le monde et tout n’est pas changement climatique » insiste-t-il.
A lui de rappeller que Kinshasa, autrefois village peuplé par les Téké et les Humbu, a explosé démographiquement depuis les années 1960, aggravée par l’exode rural et les guerres. Les infrastructures héritées de l’époque coloniale ne suffisent plus à servir une population aujourd’hui estimée à plus de 15 millions d’habitants.
Depuis les années 1990, avec la chute du régime Mobutu et la crise de l’État, des quartiers entiers vivent sans eau ni électricité. Les zones situées en hauteur sont particulièrement touchées.
L’exode rural un nouveau fléau qui explique la misère des peuples kinois : « Différents problèmes environnementaux deviennent récurrents à Kinshasa avec l’exode massif des populations des provinces qui fuient leurs contrées afin de trouver refuge à kinshasa».
La pollution des nappes phréatiques et urbanisation incontrôlée.
La construction sur des dunes sablonneuses, souvent proches d’anciens cours d’eau, a fragilisé le sous-sol de Kinshasa. La nappe phréatique polluée et l’urbanisation s’accroît. La ville de Kinshasa étant construite sur une terre sablonneuse exposent la terre à une détérioration quand on y mets plusieurs matériaux durables. L’écosystème de la ville de Kinshasa subit de perpétuel mouvement de vent violent, des sécheresse prolongée et des pluies diluviennes qui impactent négativement la vie des paisibles citoyens.
Les forages profonds, non réglementés, risquent d’aggraver la pollution des nappes phréatiques. Selon cet analyste on ne devrait point construire sur certaines dunes ou s’étalaient des rivières où les gens défèquent et les toilettes artisanales foisonnent.
La solution serait un approvisionnement via des forages contrôlés par des experts patentés , et dans la suite des temps, l’état devra interdire aux usagers de construire des forages sans autorisation, car il est démontré que plus on descend en profondeur, plus on crée des avalanches sous la terre avec des risques de contamination par les eaux usées de toutes sortes.
« L’État devrait réglementer l’usage des forages. Plus on creuse, plus on crée des risques de contamination souterraine », avertit MVUEZOLO.
Il recommande un plan de distribution publique de l’eau via des forages sécurisés et un contrôle strict des zones constructibles.
Des mesures présidentielles et une alerte sanitaire.
Face à l’urgence, le président Félix Tshisekedi a ordonné la démolition des constructions illégales situées dans des zones à risque. Un plan d’évacuation a été mis en œuvre avec le soutien de l’armée. Des consignes de sécurité ont été transmises à la population : éviter les déplacements inutiles, ne pas traverser les eaux stagnantes, et se tenir éloigné des lignes électriques tombées. Mais la situation sanitaire reste critique : les cas de choléra sont en hausse et la vigilance reste de mise pour prévenir une crise sanitaire majeure.