
Par Denise Kyalwahi
« Nous sommes les gardiens de la terre, et pourtant nous ne bénéficions de rien de cette Terre », a lancé un chef coutumier, la voix chargée d’émotion, lors de la Semaine nationale du climat tenue à Kinshasa.
Cette déclaration traduit le profond sentiment d’injustice ressenti par les autorités coutumières de la République démocratique du Congo, longtemps écartées des processus décisionnels liés à la gestion des terres et des ressources naturelles.
Alors que la loi congolaise stipule que « le sol et le sous-sol appartiennent à l’État », les chefs traditionnels estiment que cette disposition ignore leur rôle historique et social dans la protection et l’administration des terres communautaires. Selon eux, cette centralisation prive les communautés locales non seulement de leurs droits coutumiers, mais aussi des bénéfices économiques issus de l’exploitation de leurs territoires.
Durant les travaux de la #SemaineNationaleDuClimat, les représentants coutumiers ont formulé plusieurs recommandations, dont la révision de la loi foncière afin d’y intégrer une participation effective des autorités traditionnelles. Ils plaident également pour une gestion concertée et équitable des ressources naturelles, en tenant compte des réalités locales et des savoirs endogènes.
« Nous connaissons nos terres mieux que quiconque. Les décisions prises sans nous conduisent souvent à des conflits, à la déforestation et à la perte de nos repères culturels », a ajouté un autre chef coutumier venu du Kasaï.
Pour beaucoup d’observateurs présents à cette rencontre, cette revendication marque un tournant dans le dialogue entre l’État, les communautés et les acteurs environnementaux. Elle rappelle qu’aucune politique climatique ou foncière durable ne peut être construite sans l’inclusion des gardiens traditionnels de la terre, véritables acteurs de la conservation et du développement local.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement, appelé à écouter ces voix venues du terrain pour que la transition écologique en RDC soit à la fois juste, inclusive et enracinée dans les réalités communautaires.
