Pour l’Église d’Afrique, le continent doit « construire lui-même son avenir écologique »

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Le SCEAM et quelques organisations catholiques engagées dans la lutte contre le changement climatique. Eglise

Le deuxième Sommet africain sur le climat s’est ouvert lundi 8 septembre à Addis-Abeba, en Éthiopie, sous l’égide de l’Union africaine. Alors que l’Afrique ne représente que 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, le continent subit de plein fouet les sécheresses, cyclones, inondations et phénomènes de désertification. Pourtant, une étude de la Banque mondiale sur le changement climatique, publiée il y a une dizaine d’années, révélait un scénario inquiétant pour l’Afrique en lien avec le réchauffement climatique. Un réchauffement de 2°C aurait, en effet, des conséquences dramatiques sur l’agriculture, le moyen de subsistance de 80% de la population du continent. Pour le Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et de Madagascar (SCEAM), il est temps que l’Afrique prenne la parole d’une seule voix et s’affirme comme actrice de son propre avenir écologique.

Les églises d’Afrique alertent sur une urgence morale et écologique

« La crise climatique n’est pas seulement un défi environnemental, c’est aussi une urgence morale », a rappelé Mgr Coffi Roger Anoumou, évêque de Lokossa (Bénin), en lisant la déclaration du SCEAM lors de l’ouverture du sommet.

L’Église catholique d’Afrique appelle à une action « audacieuse, équitable et urgente », portée par les Africains eux-mêmes et ancrée dans les communautés locales.

Mgr Coffi Roger Anoumou, évêque de Lokossa au Benin devant le public au sommet à Addis Ababa

Le sommet, qui réunit plus de 40 chefs d’État et de gouvernement jusqu’au 10 septembre, est placé sous le thème : « Accélérer les solutions climatiques mondiales : financer le développement résilient et vert de l’Afrique ».

Pour l’épiscopat africain, il est essentiel que l’Afrique cesse d’être le simple réceptacle de stratégies externes et devienne pleinement « architecte de son avenir écologique », «l’Afrique ne doit pas se contenter d’être le destinataire d’agendas externes, mais doit être l’architecte à part entière l’architecte de son avenir écologique».

Des solutions ancrées dans les réalités locales

Le SCEAM préconise des choix tournés vers la nature et le respect des communautés :

Le développement des énergies renouvelables et de l’agriculture régénérative,

La protection de la biodiversité et des patrimoines culturels,

Le rejet des « fausses solutions » comme certaines compensations carbone ou projets extractifs.

L’épiscopat insiste particulièrement sur l’importance d’investir dans des systèmes énergétiques décentralisés, notamment solaires, capables de créer des emplois décents, de renforcer l’autonomie des femmes et des jeunes, et de réduire la pauvreté énergétique. Mais il avertit : ces efforts doivent aller de pair avec la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau et la protection des moyens de subsistance, en priorité pour les populations les plus vulnérables.

« Les communautés religieuses sont prêtes à collaborer pour éduquer, mobiliser et accompagner les populations touchées », a souligné Mgr Anoumou.

Appel à la justice climatique

Dans sa déclaration, le SCEAM a interpellé les pays riches, les invitant à reconnaître et compenser leur dette écologique envers l’Afrique. Il réclame des financements climatiques accessibles, transparents et non générateurs de dettes, avec une mise en œuvre rapide des fonds pour les pertes et dommages ainsi que pour l’adaptation.

« Les retards et les demi-mesures ne font qu’aggraver les souffrances de nos populations et hypothéquer l’avenir des jeunes générations », ont averti les évêques.

Inspirée par les encycliques Laudato si’ et Laudate Deum du pape François, l’Église d’Afrique s’engage à promouvoir une véritable conversion écologique dans ses paroisses, écoles et diocèses. Elle promet aussi de porter sa voix dans les grands rendez-vous internationaux, notamment la COP30, pour défendre une sortie équitable des énergies fossiles et une transition vers les renouvelables.

Enfin, le SCEAM a annoncé la création d’un Observatoire ecclésial sur la justice climatique, destiné à suivre la mise en œuvre des engagements climatiques et à renforcer la résilience des communautés.

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