Kinshasa face à l’insalubrité : la sonnette à l’alarme du Président de la République a besoin des actes concrets (Commentaire)

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La question de l’assainissement de Kinshasa revient avec insistance au sommet de l’État.
Nous en voulons pour preuve la communication ferme du Président de la République démocratique du Congo lors de la 67ᵉ réunion du Conseil des Ministres. Felix Tshisekedi a livré une communication d’une rare sévérité, décrivant une situation devenue, selon ses propres mots, « profondément alarmante, voire catastrophique ».

Dans sa communication, le Président a dénoncé « les amas d’immondices qui jonchent nos avenues, les marchés insalubres, les caniveaux obstrués et les déchets plastiques qui envahissent nos cours d’eau ». Ces images, familières pour les Kinois, ont été présentées comme le reflet d’un « manque de suivi manifeste dans la gestion de la salubrité publique ».

Ce constat direct fait écho à ce que vivent les habitants : un environnement urbain en dégradation rapide malgré les multiples plans et instructions déjà annoncés. Face à cette situation, le Chef de l’État a annoncé : « Une réunion d’urgence sera convoquée sous peu avec l’ensemble des acteurs concernés afin d’évaluer sans complaisance l’exécution des mesures déjà instruites. »

En effet, cette phrase marque un tournant administratif, car elle reconnaît implicitement que les instructions antérieures n’ont pas été suivies d’effet. Le Président parle désormais d’une nécessité de « décisions immédiates et contraignantes », ce qui démontre une volonté d’accélérer le rythme.

Le Chef de l’État rappelle que la salubrité ne relève pas simplement d’un confort visuel, mais d’un enjeu vital. Felix Tshisekedi évoque des « maladies hydriques », la « dégradation des routes transformées en dépotoirs », et les « inondations récurrentes » qui paralysent la capitale.

Ces conséquences ne sont pas nouvelles. Ce qui change aujourd’hui, c’est que le Président semble mettre la responsabilité de leur aggravation sur l’ensemble des acteurs impliqués, à savoir le Gouvernement central, les autorités provinciales et services techniques.

Un avertissement inédit : sanctions sans indulgence

Dans son intervention, le Président se montre particulièrement ferme : « Toute défaillance avérée fera l’objet de sanctions exemplaires, sans aucune forme d’indulgence. » Ce passage est l’un des plus forts de la communication. Il suggère un changement de ton de la part de la présidence, jusque-là souvent critique mais rarement coercitive dans ce domaine. Cependant, il reste à savoir si cette promesse sera suivie d’effets concrets, notamment par la publication des responsabilités individuelles dans le système d’assainissement.

Parmi les extraits les plus marquants du discours du Président de la République, c’est lorsqu’il  affirme : « Le droit de nos concitoyens à vivre dans un environnement sain constitue un impératif constitutionnel auquel nul ne peut se soustraire. » Un rappel qui place l’assainissement au niveau des droits humains, et non plus comme un simple service municipal. Il ouvre ainsi la voie à une relecture juridique et citoyenne de la gouvernance environnementale: si ce droit est violé, qui en répond ?

Un discours nécessaire, mais un terrain qui attend preuves et cohérence

La communication du Président peut être lue sous deux angles : le ton, les mots choisis, et les menaces de sanctions témoignent d’une volonté de sortir du cycle d’inaction. Aussi, la gravité de la crise est enfin reconnue. Kinshasa a connu plusieurs annonces d’urgence ces dernières années. Mais la ville demeure submergée par les déchets, preuve que les instructions sont mal appliquées, les responsabilités se diluent, la coordination manque de cohérence, et les sanctions restent rares.

Le Président a posé un diagnostic lucide et assumé. Ses extraits montrent une volonté politique forte. Mais Kinshasa ne sera pas assainie par la seule force des mots, aussi justes soient-ils. Le véritable test commence maintenant : les sanctions seront-elles appliquées ? Les autorités locales seront-elles tenues responsables ? Les plans seront-ils exécutés jusqu’au bout ? La population sera-t-elle impliquée ?

Jack Maliro Katson

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