Ituri : les conflits armés au Nord et au Sud-Kivu menacent le dernier refuge de l’okapi, journée des espèces menacées

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Alors que l’Okapi Wildlife Reserve célèbre ses 30 ans d’existence, la résurgence des violences armées dans l’est de la RDC fait peser une grave menace sur cette aire protégée unique, dernier bastion de l’okapi, une espèce emblématique et en danger. Alain Mukiranya, Assistant du Directeur Parc national de la Maiko a affirmé que des menaces pèsent encore sur les espèces emblématiques de la grande orientale, à l’exemple de la Réserve à Faune de l’okapi (RFO) au Maïko.

Dans les profondeurs de la forêt de l’Ituri, un patrimoine mondial classé par l’UNESCO lutte pour sa survie. Créée en 1995, la Réserve de faune à okapis (RFO) incarne l’un des derniers sanctuaires naturels de l’okapi (Okapia johnstoni), cousin discret de la girafe et joyau de la biodiversité congolaise. Mais alors que la réserve marque trois décennies d’existence, elle se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, prise en étau entre recrudescence des conflits armés, exploitation illégale des ressources et fragilité des institutions de protection.

Un sanctuaire sous tension

La RFO s’étend sur près de 13 700 km² dans une région où cohabitent des communautés locales, des groupes armés et une biodiversité exceptionnelle. Mais depuis plusieurs mois, la montée des violences dans les provinces voisines du Nord-Kivu et Sud-Kivu déborde jusque dans l’Ituri. Des groupes armés y opèrent désormais régulièrement, pillant les infrastructures de conservation, intimidant les éco-gardes et favorisant le braconnage.

« Les attaques contre les postes de surveillance ont augmenté. Nos équipes ne peuvent plus assurer une présence continue dans certaines zones clés », confie sous anonymat un agent de l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN).

Des pressions multiples sur un écosystème fragile

Outre l’insécurité, la réserve subit une pression croissante liée à l’exploitation illégale du bois, à l’orpaillage artisanal et au braconnage. La demande en viande de brousse et en ivoire pousse les braconniers à s’aventurer de plus en plus profondément dans la forêt. L’okapi, espèce endémique à la RDC et classée en danger par l’UICN, voit son habitat se fragmenter inexorablement.

Contacté par notre rédaction à l’occasion de la journée mondiale des espèces menacées le 11 Mai, Alain Mukiranya, Assistant du Directeur Parc national de la Maiko a affirmé que des menaces pèsent encore sur les espèces emblématiques de la grande orientale, il cite par exemple l’okapi ( RFO ) , le chimpanzé de l’Est en ituri , le Rhinocéros blanc de la Garamba ( Haut uelé ).

Ces menaces sont liées aux activités anthropiques ( destruction de l’habitat à travers l’ exploitation forestière, minière,…) , le conflits armés facilitant le braconnage, voire le changement climatique qui modifie les écosystèmes a-t-il énuméré.

Cet expert dans la protection de la faune qualifie ces menaces de poison sur la biodiversité car certaines espèces sont même envoie de disparition cas de Rhinocéros blanc. Il suggère des recherches intenses et approfondies pour affirmer sur la probable extinction de cette espèce emblématique.

Les projets miniers, souvent illégaux ou opérant en marge de la loi, détruisent les sols, polluent les cours d’eau et provoquent l’afflux de populations en quête de travail, accentuant la déforestation et la pression humaine sur les ressources naturelles.

Mr.Alain recommande au gouvernement à cette journée où l’humanité célèbre les espèces menacées:

« Le gouvernement congolais doit renforcer l’application de la loi sur la faune et la flore en RDC et à la justice de sanctionner les infractions avant d’appeler le gouvernement à mobiliser de fonds pour renforcer les efforts de l’ICCN, Institut Congolais de la Conservation de la Nature dans la préservation des espèces protégées », également à la communauté riveraine de protéger cette espèce rare et précieux pour la durabilité environnementale et la fierté de la RDC de génération en génération ».

Des défis immenses pour la conservation

Face à cette situation, les gardes forestiers de la RFO sont confrontés à des défis majeurs : manque d’équipements, salaires irréguliers, exposition constante au danger. Pourtant, leur rôle reste crucial. Plusieurs initiatives ont tenté de renforcer leurs capacités, mais le contexte sécuritaire complique toute intervention durable.

« Sans sécurité, il est très difficile de protéger la faune et d’appliquer la loi. Les financements diminuent, et nous risquons de perdre tout ce que nous avons construit en 30 ans », déplore un responsable local de la conservation.Opportunités et pistes d’espoir.

« Plusieurs femmes des gardes parc sont restées veuves et cherchent toujours à sauver la vie de leurs enfants. Certaines d’entre elles sont encadrées par l’ICCN au-travers le projet climat-Virunga. L’offre reste insuffisant vu le nombres de décès qui ne cessent d’augmenter du jour au lendemain », témoigne une femme ayant perdue son mari dans une attaque opposant les rebelles du M23 aux forces armées congolaise à Goma.

« Mon père fut un conservateur dans l’un de parc de la place depuis plus de 20 ans aujourd’hui il nous a quitté, je n’arrive plus à payer mes frais académiques ni à scolariser mes petits frères à cause de cette guerre. J’étudie en gestion de l’environnement département de conservation pour remplacer un jour mon père. Il a fait un travail impeccable pour notre pays. Mais hélas les rebelles l’ont tués sur la route lorsqu’il se rendait à son lieu de travail. Nous l’avons perdu… « , gémit KABAROLE Julien enfant d’un garde parc à Mambasa.

Malgré ce sombre tableau, des pistes d’espoir émergent.

Des ONG internationales, comme la Wildlife Conservation Society (WCS), travaillent en collaboration avec les autorités congolaises et les communautés locales pour restaurer un dialogue, relancer des activités alternatives durables et renforcer la gouvernance locale.

Le développement de l’écotourisme, bien que suspendu en raison de l’insécurité, demeure une opportunité importante pour créer des revenus tout en valorisant la conservation.

Par ailleurs, l’engagement des jeunes activistes, des organisations environnementales et des femmes dans des programmes de sensibilisation à la protection de la biodiversité redonne un souffle à la mission de la réserve.

Une responsabilité collective

La survie de la Réserve de faune à okapis repose désormais sur une mobilisation nationale et internationale. Il s’agit d’un enjeu non seulement écologique, mais aussi social et économique pour l’Ituri et la RDC tout entière.

« L’okapi est un symbole de notre patrimoine. Protéger son habitat, c’est aussi protéger notre avenir commun », rappelle un chef communautaire de Mambasa.

Alors que la réserve franchit le cap des 30 ans, elle incarne un appel urgent à la paix, à la justice environnementale et à la solidarité pour que ce joyau de la forêt congolaise ne devienne pas une légende disparue.

Par Denise KYALWAHI

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