Nord-Kivu : la voix de la population riveraine doit être prise en compte dans le dégazage du lac Kivu

0 0
Read Time:8 Minute, 34 Second
Photo prise lors de l’exposée

Renforcer les capacités des communautés riveraines du lac Kivu sur la question de l’exploitation du gaz méthane dans le lac était à l’ordre du jour d’un atelier organisé par la société civile environnementale du Kivu, en collaboration avec l’ONG AICED (Appui aux Initiatives Communautaires pour la Conservation de l’Environnement et le Développement Durable). Cet atelier a eu lieu ce jeudi 25 octobre 2024, à CCLK dans la salle MAWE HAYI.

Faustin NYEBONE, coordonnateur au sein de l’AICED, a évoqué les objectifs clés de l’atelier : « Cet atelier est organisé pour rappeler aux communautés riveraines leurs droits et devoirs face à l’exploitation du gaz méthane dans le lac Kivu. Nous leur avons également appris comment revendiquer leurs droits en faisant un plaidoyer respectant les normes. »

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Faustin NYEBONE a fait référence à l’annulation de l’exploitation des 27 blocs pétroliers de la RDC par le ministre des Hydrocarbures, Aimé SAKOMBO MOLENDO, le 14 octobre 2024, qui avait été lancée par son prédécesseur en 2012.

« En 2012, l’ancien ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu, avait lancé l’appel d’offres pour 27 blocs pétroliers et 3 blocs gaziers en RDC. Mais ensuite, le nouveau ministre, Aimé SAKOMBO MOLENDO, a annulé tous ces marchés et a promis de relancer l’appel d’offres. C’est pourquoi nous avons décidé que c’était le moment idéal pour réunir les communautés riveraines du lac Kivu afin de leur montrer comment revendiquer leurs droits face à l’exploitation du gaz méthane. »

Faustin Nyebone activiste environnemental en RDC

La voix de la population riveraine doit être prise en compte dans l’exploitation. L’ONG AICED et ses partenaires se sont mobilisés pour enseigner aux communautés riveraines les techniques à utiliser pour bien gérer leur cahier des charges, avant que la prochaine décision d’exploitation ne soit prise.

« Les différentes techniques que nous avons abordées reposent sur l’élaboration préalable d’une étude d’impact environnemental, qui inclut une enquête publique. Il est essentiel de vérifier si le projet ne nuira pas au développement durable de la population et de son environnement, notamment en matière de pollution ou de dégradation des sols. La population doit également se prononcer à travers un plaidoyer concernant l’exploitation du gaz méthane, pour déterminer si celle-ci améliorera les conditions de vie des communautés. Nous leur avons aussi appris qu’ils ont le droit de bénéficier de cette exploitation, afin d’améliorer leurs conditions de vie socio-économiques et de booster l’économie du pays », a-t-il ajouté.

L’approche nécessaire pour remédier aux multiples défis liés à l’exploitation du gaz méthane consiste à enseigner aux riverains comment rédiger un plaidoyer riche en revendications de droits de manière simple et responsable.

Faustin NYEBONE a précisé : « Après avoir compris ce que dit la loi, les communautés riveraines peuvent maintenant savoir comment revendiquer leurs droits et connaître les devoirs qu’elles ont à accomplir. Leur droit est de bénéficier de l’exploitation, qui doit améliorer leurs conditions de vie socio-économiques. En cas de pollution, il doit y avoir un programme pour remédier aux dommages subis par la population. Leur devoir est de suivre l’évolution de la situation et de s’informer sur les impacts environnementaux. Enfin, ils sont équipés en techniques de plaidoyer pour savoir comment agir légalement et de manière ordonnée. »

Les riverains du lac Kivu et les membres de la société civile environnementale dans salle de réunion

Des questions de réflexion ont été posées selon les catégories d’invités, afin de comprendre ce que chacun peut faire à son niveau pour mener à bien cette lutte. Emmanuel NDIMWEZA, un participant à cette activité, a pris la parole au nom des riverains pour rapporter les propositions de leur groupe. Il a suggéré que la communauté locale participe à l’élaboration des plans de projets d’exploitation du gaz méthane dans le Kivu et bénéficie de certains gains, tels que la main-d’œuvre locale et une participation active aux décisions prises par les gouvernants et les sociétés d’exploitation.

« Nous, membres de la société civile, demandons que les préoccupations de la population riveraine du lac Kivu soient prises en compte de la manière suivante : premièrement, il faut planter des arbres agro-forestiers antiérosifs le long du lac Kivu. Il est également nécessaire de construire des écoles, des hôpitaux, des routes,… lors de l’exploitation du gaz du lac Kivu. Un plan d’impact économique et social doit être mis en place pour créer des opportunités d’entrepreneuriat pour les communautés riveraines et élaborer un plan d’intégration socio-économique. Il est crucial de créer des emplois pour ceux qui dépendent du lac, par exemple en encadrant les pêcheurs à travers la pêche hors-sol et l’élevage. Il faut établir un plan d’atténuation environnementale, car il est certain qu’après l’exploitation, des effets sur l’environnement seront constatés. Un plan de réhabilitation environnementale est également nécessaire pour restaurer les milieux où les hydrocarbures ont été extraits. »

Cet échange fructueux a suscité l’intérêt des journalistes et responsables des médias présents. Représentés par Glody TAMBWE, ils ont exprimé leur volonté d’accompagner les acteurs de la société civile environnementale dans leurs productions journalistiques quotidiennes.

« Nous vous avons toujours soutenus, produisant des documentaires, des reportages et des émissions au profit des communautés locales. Nos portes restent ouvertes pour toute question de la communauté. Nous abordons déjà ces problématiques dans nos articles. » Après avoir discuté de leur rôle et de leur position face à l’accès à l’information sur leurs antennes, les journalistes ont également souligné l’importance du rôle des organisations, chercheurs et autorités.

« En revanche, nous vous demandons simplement votre disponibilité pour des interviews, des émissions, des enquêtes. La plupart des chercheurs, activistes et organisations environnementales privilégient leurs activités sur le terrain, mais n’accordent pas assez de temps aux questions des journalistes et aux médias. Cet espace permet à la communauté de s’informer sur les enjeux environnementaux actuels. Ne gardez pas vos connaissances pour vous, venez partager avec les communautés locales ce qui est souvent caché par la science, dans un langage accessible.

Nous vous demandons aussi d’utiliser un langage simple pour parler des effets du changement climatique, de la dégradation de l’environnement et des catastrophes naturelles. Enfin, notre conseil s’adresse à ceux qui viennent sans préparer leurs interventions. Notre population a besoin de connaître la vérité sur l’effondrement du lac, sur la pollution, sur la mortalité des animaux dans le parc, dans leurs fermes. Venez suffisamment préparés, ou changez de sujet pour éviter de créer de la confusion », a déclaré Glody TAMBWE.

À noter que les journalistes ont lancé un appel à la formation. Plusieurs d’entre eux, présents à des activités portant sur des enjeux environnementaux ou climatiques, ne comprennent pas souvent certaines terminologies ou concepts. Ils ont exprimé le besoin d’être formés et renforcés pour mieux informer le public cible.

De leur côté, les autorités politico-administratives se sont engagées à respecter les lois de la République Démocratique du Congo relatives à la protection de l’environnement, et à prendre en considération les cahiers des charges signés entre les entreprises et les communautés riveraines.

Le rapport des autorités, lu par MBUSA MAMBO Lwanzo, expert au bureau d’études du cabinet du Gouverneur de la province du Nord-Kivu, souligne : « L’autorité représentant l’État congolais ici présent s’engage à faire respecter les lois de la République en la matière, ainsi que les cahiers de charges signés entre la population riveraine et les entreprises d’exploitation gazière. L’autorité s’engage également à encadrer toutes les entreprises d’exploitation gazière et à défendre les intérêts économiques liés à cette exploitation au bénéfice de la population riveraine. »

Que dit la science en rapport avec le Gaz méthane

Plusieurs recherches montrent que le dégazage du lac Kivu contient d’importantes quantités de méthane et de dioxyde de carbone, présente des dangers et des enjeux variés pour la population riveraine.

Dangers pour la population riveraine

1. Risques d’explosion : Le dégazage pourrait entraîner une accumulation de gaz dans des zones non contrôlées, augmentant le risque d’explosions. La ville de Goma est une ville volcanique d’avance, avec le dégazage il y a aussi le risque de catastrophes liées à une éruption volcanique sous-marine.

2. Perturbation des écosystèmes : Le dégazage peut affecter la faune et la flore aquatiques, entraînant une diminution des ressources halieutiques pour les communautés locales. La destruction de la zone de frayeur dans le lac. Suivez cet extrait de l’émission sur la radio Okapi. Le professeur Marcel Ngombo est invité de la radio okapi discute de ce sujet avec Freddy Mumba, chef de Projet pilote de cogestion et conservation des ressources halieutiques du Lac Mai Ndombe.

https://www.radiookapi.net/regions/national/2014/11/07/les-consequences-dues-la-destruction-des-zones-de-frayeur

3. Déplacement de populations : En cas de dégazage mal géré, les zones riveraines pourraient devenir dangereuses, nécessitant le déplacement de populations.

4. Problèmes de santé : L’exposition aux gaz libérés lors du dégazage pourrait causer des problèmes de santé pour les habitants, notamment des troubles respiratoires. La pollution de l’eau du lac. 

Avantages du dégazage

1. Réduction du risque d’éruption : Le dégazage peut réduire la pression des gaz dissous, diminuant le risque de catastrophes liées à une éruption volcanique sous-marine.

2. Exploitation énergétique : Le méthane extrait peut être utilisé comme source d’énergie, contribuant au développement économique local.

3. Amélioration de la sécurité : Un dégazage bien géré peut améliorer la sécurité des communautés riveraines en réduisant les risques d’accumulation de gaz.

Désavantages du dégazage

1. Coûts élevés : Les opérations de dégazage nécessitent des investissements importants en technologie et en infrastructure.

2. Impact environnemental : Le processus peut entraîner des perturbations environnementales et des effets négatifs à court terme sur l’écosystème local.

3. Conflits d’utilisation des ressources : L’exploitation du méthane peut engendrer des tensions sur l’utilisation des terres et des ressources entre les différents acteurs économiques. Il convient de souligner que le dégazage du lac Kivu nécessite une approche équilibrée, tenant compte des bénéfices potentiels et des dangers pour la population riveraine et l’environnement. Une gestion rigoureuse et responsable est essentielle pour minimiser les risques associés. Les participants à cette assise ont exprimé leur satisfaction et leur joie d’y avoir participé, s’engageant chacun à adopter un comportement éco-responsable.

Happy
Happy
0 %
Sad
Sad
0 %
Excited
Excited
0 %
Sleepy
Sleepy
0 %
Angry
Angry
0 %
Surprise
Surprise
0 %
Previous post Colombie: ouverture de la COP16 biodiversité pour faire la « Paix avec la nature »
Next post COP16 : la biodiversité en Afrique en péril, le Parc Garamba Vers un retrait de la liste des sites de l’UNESCO

Average Rating

5 Star
0%
4 Star
0%
3 Star
0%
2 Star
0%
1 Star
0%

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *