Une conférence sur la Qualité et la Fiabilité de l’Électricité dans les Formations Sanitaires “FOSA” du Nord Kivu a eu lieu du 03 au 04 Septembre 2024 dans la grande salle de conférence de CFNK ,Centre de Formation continue du Nord Kivu autour du thème “ Énergie de la Santé”, organisée par l’ONG Research Center for Humanitarian Aid, “RCHA-RDC” en partenariat avec le Renewable and Appropriate Energy Laboratory “RAEL” de l’Université de Californie à Berkeley, OffGridBox “OGB” et Healthcare Electrification and Telecommunications Alliance “HETA”.
Plusieurs experts de la Division Provinciale de la Santé DPS du Nord -Kivu, les représentants de MSF Grande Bretagne, des ingénieurs en électricité, des professionnels de la santé, les leaders d’opinions, les techniciens des FOSA et les représentants de l’Autorité de Régulation Electrique (ARE) et l’Agence Nationale d’Electrification et des Services Énergétiques en milieux rural et périurbain (ANSER), l’école de la Santé Publique de l’Université de Goma etc étaient présents à ces activités d’innovation et de recherche. De l’autre côté aux Etats Unis d’Amérique dans Room 237 Giannini Hall, UC Berkeley étaient les professeurs et étudiants et bien d’autres partenaires dans différents pays du monde sous le guide de du Doctorant Samuel Miles qui a interprété le speech en français pour son auditoire anglophone.
Le chercheur Jackson Mughuma Directeur Exécutif de l’ONG RCHA- RDC et organisateur de la Conférence à Goma , souligne la pertinence de cette assise dans la grande salle du , CFNK. Jackson Mughuma: “notre présence ici s’explique par le fait qu’’après une recherche que nous avons menée depuis 2022 avec RAEL UC Berkeley et la Division Provinciale de la Santé du Nord-kivu prouve que la mauvaise qualité de l’électricité dans les structures sanitaires a un impact sur la qualité des soins et sur la conservation des équipements biomédicaux . La stérilisation aussi constitue un autre problème dans les structures sanitaires car plusieurs structures sanitaires jusqu’à présent utilisent des bois de chauffage ou de la braise pour la stérilisation. Cette réflexion nous a poussé à mener une recherche approfondie pilotée par le Doctorant Samuel Miles de Energy and Ressources Group de l’Université de Califorfnie à Berkeley moyennant les capteurs de voltage , fréquences et coupures de l’entreprise nLine. Les résultats montrent que seule l’énergie renouvelable est une réponse favorable face à ce fléau qui touche aujourd’hui des vies humaines dû aux coupures, à la baisse ou à l’augmentation intempestives de voltage et dans les structures sanitaires de la place”.
“The power of the HEALTH” est le thème principal autour duquel plusieurs intervenants venant de différents pays ont apporté leur contribution pour voir que sera la réponse positive face à ces risques qui dominent non seulement la DPS NORD-KIVU mais aussi qui s’étend sur toute la République Démocratique du Congo et partout en Afrique subsaharienne.
Au cours de cette conférence de deux jours, les participants ont exploré des sujets clés tels que la qualité et la fiabilité de l’énergie, ainsi que l’impact sur la mortalité dans les structures sanitaires au Nord-Kivu et dans d’autres coins du pays. Monsieur valentin de ETH-Zurich en séjour à l’Université de Californie à Berkeley , aux USA, a, dans son intervention abordé la relation entre l’énergie et la mortalité, pour la première journée, alors que le Dr Bublu Thakur-Weigold de l’ETH-Zurich a présenté une étude de cas sur la chaîne d’approvisionnement humanitaire, centrée sur la livraison d’oxygène.
Samuel Miles PhD laisse savoir aux participants que cette recherche sur l’énergie et santé se focalise sur 4 aspects: l’accès à l’énergie, la fiabilité de l’électricité, la qualité du courant et les impacts sanitaires.
Accès : signifie quel est le bilan de l’effectif des sources énergétiques dans les Formations Sanitaires du Nord-Kivu ( FOSAs)?
Fiabilité : quelle est la fréquence des interruptions et leur durée moyenne?
Qualité : est-ce que le voltage des sources électriques reste dans les normes?
Impacts sanitaires : quelles sont les actions énergétiques prioritaires pour améliorer la prestation des services sanitaires.
Comment sauver des vies face à l’Impact de la qualité de l’électricité sur les services médicaux
Pour le doctorant PhD Samuel Miles la qualité du courant a un impact sur tous les domaines de la santé. Il existe des services sanitaires qui ne peuvent pas fonctionner sans énergie.
“L’électricité est indispensable pour alimenter les dispositifs médicaux essentiels et vitaux ainsi que pour assurer les services les plus élémentaires tels que l’éclairage, la stérilisation des matériaux, le réchauffement des couveuses et l’approvisionnement en eau potable. Elle est cruciale pour offrir en permanence et de manière fiable des services de santé essentiels, et pour améliorer la santé, en rendant possible l’accouchement dans de bonnes conditions de sécurité, la vaccination, le diagnostic et les interventions d’urgence”.
L’accès à l’électricité ou à un approvisionnement fiable en électricité est en général plus fréquent dans les hôpitaux que dans les établissements non hospitaliers, tels que les centres de santé primaires.
Dans un rapport de MSF publié au mois d’août 2023 sur l’électricité dans les établissements de santé, on estime que près d’un milliard de personnes vivant dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure sont desservies par des établissements de santé qui n’ont pas d’approvisionnement électrique fiable ou aucun accès à l’électricité. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, environ 12 % et 15 % des établissements de santé, respectivement, n’ont pas accès à l’électricité.
En Afrique subsaharienne, seule la moitié des hôpitaux disposent d’un accès fiable à l’électricité. Le problème de l’accès à l’énergie est plus important pour les établissements de santé des zones reculées et rurales. Ce même rapport montre que l’approvisionnement en électricité dans le monde reste insuffisant pour sauver des vies humaines.
L’analyse des données d’enquête nationales disponibles sur l’état d’électrification des établissements de santé de 27 pays à revenu faible et intermédiaire de la tranche inférieure pour une année donnée entre 2015 et 2022 permet de parvenir aux conclusions suivantes :
Accès à l’électricité : au moins 12 % des établissements de santé en Asie du Sud et 15 % des établissements en Afrique subsaharienne n’ont aucun accès à l’électricité. Les établissements de santé de la région de l’Amérique latine et des Caraïbes sont un peu mieux lotis, avec 8 % des établissements sans accès à l’électricité.
Accès à un approvisionnement en électricité fiable : En Afrique subsaharienne, seulement 40 % des établissements disposent d’un approvisionnement en électricité fiable, tandis que dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, cette proportion est de 72 % en moyenne. En Afrique subsaharienne, le niveau d’insécurité énergétique est élevé, la moitié des hôpitaux seulement ayant accès à un approvisionnement en électricité de qualité.
Pour résoudre ces différents problèmes, RCHA-RDC asbl et ses partenaires RAEL, OffGridBox ont pensé doter aux établissements de santés des kits solaires et des équipements biomédicaux nécessaires pouvant leur permettre de sauver des vies humaines.
Jackson Mughuma Directeur Exécutif de RCHA-RDC revient ici : “vu tous ces problèmes de l’électricité dans différentes structures sanitaires nous nous sommes dit faisons de nos mieux pour sauver des vies car les coupures ou chute du courant sont à la base de perte des vies humaines. C’est dans ce sens que nous avons développé un modèle économique d’électrification des structures sanitaires au Nord-kivu et au Kasaï Oriental appuyé par l’Alliance pour l’Électrification et les Télécommunications de la santé (HETA/USAID).Notre solution est celui de doter aux structures sanitaires des kits d’énergie solaire (le flex énergétique). Nous offrons également des couveuses pour des maternités, des stérilisateurs, des concentrateurs d’oxygène et des filtres d’eau pour lutter également contre les maladies hydriques. Ces différents services nous mettent en collaboration permanente avec les structures sanitaires”.
L’énergie renouvelable une résilience contre le changement climatique
l’ONG RCHA-RDC met en place un projet à long terme pour équiper des structures sanitaires de solutions durables face au changement climatique, d’où l’utilisation de kits d’énergie solaire qui permet aux structures sanitaires qui utilisent les bois de chauffage soit les braises à utiliser une énergie propre et fiable.
“ Notre politique actuelle est de remplacer l’ancienne pratique par des solutions innovantes pour un développement durable. C’est une réponse aux objectifs de la conférence tenue à Paris lors de la cop 27. Notre organisation a besoin de sauver la planète de ce fléau de déforestation étant à la base du réchauffement planétaire. Notre énergie est à moindre coût même les structures du milieu le plus reculés du pays peuvent en avoir en permanence” stipule le directeur exécutif de RCHA-RDC Jackson Mughuma
Lors de la conférence de ce mercredi, les participants ont apprécié énormément ce vaste projet. C’est le cas de Kasereka Mahinda, chercheur congolais et volcanologue à l’Observatoire volcanologique de Goma. Au même moment, il a exprimé son enthousiasme pour la mise en place de pratiques parallèles afin de surveiller le célèbre volcan de Nyiragongo, une menace pour les habitants de Goma et de Nyiragongo.
« Je suis tellement ravi par ce qu’on ne peut rien faire sans la santé. Si vous n’êtes pas en bonne santé, vous ne pouvez rien faire. J’ai compris qu’on est en train d’améliorer, surtout dans nos milieux comme Goma et même dans nos villages. Écoutez, j’ai vu quelqu’un qui utilisait à Kyeshero une lampe tempête dans une intervention chirurgicale et la lampe s’est éteinte, du coup le malade est mort. Pour moi, quand on améliore des activités comme ça, ça fait du bien. Je propose qu’on puisse entrer beaucoup plus dans les villages en installant des panneaux. J’ai rencontré les partenaires pour qu’on puisse développer dans le domaine de la surveillance du volcan ces genres de choses. Nous pensons qu’on peut protéger les habitants de Goma avec un tel partenariat », a déclaré Kasereka Mahinda.
A noter que ce système était apprécié par tout le monde ayant pris part à cette conférence.
Dans son mot de clôture de la journée, le directeur exécutif de l’ONG RCHA-RDC n’a pas oublié de remercier ce genre de partenariat et demande à d’autres chercheurs et partenaires de rejoindre leurs programmes si vaste et élargie.
« Nous sommes très satisfaits de l’organisation de cette conférence pendant ces deux jours et nous croyons que tous les participants ici à Goma et ceux qui étaient en Californie, aux Etats-Unis ont vraiment apprécié. Nous attendons des participants la conjugaison des efforts pour résoudre les problèmes au niveau de nos structures sanitaires », a-t-il précisé.
Et de poursuivre: « Nous demandons à nos partenaires de continuer et que nous puissions toujours penser à cette collaboration entre les organisations internationales et les organisations locales ou nationales dans le cadre de résoudre les différents défis au sein de nos communautés », a-t-il poursuivi.
Dans un rapport de la Division provinciale de la santé du Nord -Kivu de 2020, des centaines de personnes meurent chaque année suite à l’absence de courant ou à la coupure de l’électricité dans les structures sanitaires. Les bébés couverts dans les couveuses et les patients sous oxygène sont les plus victimes.