

Goma (RDC) – Le Lac Vert, niché à l’ouest de la ville de Goma dans la province du Nord-Kivu, est devenu l’un des principaux foyers d’une crise sanitaire silencieuse mais meurtrière. Jadis source d’approvisionnement en eau pour les habitants, ce plan d’eau est désormais synonyme de danger. Il est infecté par des vibrions cholériques résistants au chlore, rendant les méthodes classiques de traitement inefficaces.
Selon l’organisation environnementale Au Pic Nature, le chlore – longtemps utilisé pour désinfecter l’eau – ne suffit plus. Les vibrions du choléra, de plus en plus résistants, continuent de proliférer dans les eaux du Lac Vert. Pire encore, faute d’alternatives viables, les habitants des quartiers Mugunga et Lac Vert continuent de consommer cette eau impropre, au risque de contracter des maladies graves.
Des moyens insuffisants, des vies en danger

Paul Mulolwa, infirmier responsable du centre de santé de Mugunga, déplore l’abandon des points de chloration, devenus obsolètes depuis plusieurs années. « Le chlore ne tue plus les vibrions du choléra. Nous enregistrons désormais des cas chaque semaine », explique-t-il avec inquiétude.
Son centre, conçu pour 21 patients, est régulièrement débordé. Début 2025, il a atteint un taux d’occupation de 300 %, forçant les malades à partager des lits. Une situation insoutenable, également observée au centre de traitement du choléra de Buhimba, dans le même quartier.

Appel à une action urgente
Les tests en laboratoire confirment : les bactéries présentes dans le Lac Vert résistent au chlore. Pour Thierry Horneyssie Munguiko, coordinateur de Au Pic Nature, il est impératif d’envisager des solutions alternatives, notamment chimiques, pour éradiquer ces agents pathogènes. « Il faut agir maintenant. La population de Goma ne peut plus être abandonnée à une eau qui tue », alerte-t-il.
L’organisation lance un appel pressant aux autorités locales, aux ONG intervenant dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, ainsi qu’à tous les acteurs humanitaires. Une mobilisation rapide est nécessaire pour initier des recherches approfondies et mettre en œuvre des solutions durables.