
Depuis plusieurs mois, le lac Albert, l’un des poumons halieutiques de l’Ituri, fait face à une menace grandissante. La pêche illicite y est pratiquée à grande échelle, sous le regard impassible des autorités censées protéger cette ressource vitale.
Dans une interview accordée le mardi 30 septembre 2025, John Sultan Toly, défenseur local de l’environnement, tire une sonnette d’alarme :
« Le lac Albert abritait jadis une cinquantaine d’espèces de poissons. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 14. C’est une destruction volontaire et méchante de notre patrimoine naturel », a-t-il dénoncé.
Silence troublant des autorités
Malgré les alertes répétées, le gouverneur militaire de l’Ituri ne réagit pas. Ce silence interroge : s’agit-il d’une simple inefficacité ou d’une complicité tacite ? Pour les communautés riveraines, ce mutisme équivaut à une trahison des engagements pris pour préserver l’environnement.
L’Unité de surveillance mise en cause
Créée pour protéger le lac, l’Unité de Surveillance est aujourd’hui accusée d’avoir trahi sa mission. Loin de mettre fin aux pratiques illégales, certains de ses agents y participeraient directement.
Pourtant, une décision de réforme avait été annoncée par le gouverneur lui-même. Mais elle n’a jamais été appliquée, renforçant les soupçons d’un laxisme organisé.
Les forces de sécurité pointées du doigt. La Force navale, censée sécuriser le lac, est elle aussi accusée d’être impliquée dans la pêche illicite. Certains témoignages font état d’une participation active de militaires dans ces activités, allant jusqu’à profiter des prises illégales ou fermer les yeux contre rémunération.
Pour les populations locales, la situation est dramatique : les garants de l’ordre deviennent les prédateurs de leur principale source de subsistance.
Un appel pressant à l’action
Face à cette crise, John Sultan Toly et d’autres acteurs communautaires appellent les autorités à briser le silence et à appliquer sans délai les mesures déjà prises.
« Le silence du gouverneur met en péril non seulement l’avenir du lac Albert, mais aussi la survie de milliers de familles qui en dépendent », alerte-t-il.
Cette situation s’inscrit dans une tendance plus large : dans plusieurs cours d’eau de l’Est de la RDC, les écosystèmes halieutiques sont menacés, et même certaines aires protégées ne sont pas épargnées par la pression humaine.
Juvenal Bulemo
