Changement climatique : les femmes, l’eau et la crise de la durabilité environnementale en RDC

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Le monde a célébré la journée mondiale de l’eau le 22 mars 2022. Nombreuses localités de la République démocratique du Congo, ont des points d’eau impropres à la consommation sous leur forme brute. En Oicha, les communautés sont désormais exposées aux maladies d’origine hydrique et aux infections respiratoires aiguës. Avec l’explosion démographique, la pénurie d’eau est signalée dans de nombreuses régions du pays, tant dans les zones rurales qu’urbaines.

Photo des femmes de la commune rurale d’Oicha à la recherche d’eau RDC: photo crédit NATURELCD

Oïcha est une commune du territoire de Beni, dans la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, à la crête du bassin des fleuves Congo et Nil. L’agglomération compte 151 500 habitants et plus de 22 120 ménages déplacés par les massacres, rapportent des sources officielles. Avec ces chiffres, la quantité d’eau potable est insuffisante par rapport au nombre d’habitants. Les femmes et les jeunes filles sont obligées de parcourir de longues distances pour aller chercher de l’eau. Un sacrifice qui les expose au risque d’être violées par les rebelles.

« Ça nous pousse directement à avoir des difficultés avec l’eau. Oicha n’a que 30% de couverture en eau potable et moins de 50% en eau courante. D’où la femme, maîtresse de famille reste la victime perpétuelle de cette pénurie » rapporte KAMBALE KIKUKU Nicolas, maire de la commune rurale d’Oïcha.

Le changement climatique à l’origine de cette carcasse

La rareté de l’eau est l’un des éléments à travers lesquels de nombreux effets de la crise climatique se font sentir dans la communauté. « Oicha a une population agricole soumise à plusieurs difficultés, notamment la croissance démographique due à l’exode rural, le changement climatique, la déforestation et l’agriculture sur brûlis et l’évaporation d’où la chaleur excessive à l’origine de la situation de stress hydrique explique le maire.

Pour le géologue et chercheur KAMBALE KASOLENE, « l’eau est aujourd’hui un enjeu majeur et une exigence de développement pour la commune d’Oicha qui est plus touchée par la pénurie d’eau en raison de sa croissance démographique dans cette région. L’eau manque quantitativement et qualitativement à Oicha en raison du manque d’infrastructures hydrauliques et cela pèse lourdement sur la femme d’Oicha », dit-il.

Lire aussi http://naturelcd.net/2023/03/17/rdc-petrole-kinshasa-engloutie-les-voix-des-ongs-environnementales-1-3/

L’eau et les femmes

L’eau reste la denrée la plus importante, souvent utilisée dans le ménage par les femmes, comme le soutient Philipe PALUKU BONANE, secrétaire adjoint de la société civile dans le Territoire de Beni. « Nous avons remarqué qu’il y a un changement climatique parce que dans notre pays bien avant nous avions de l’eau dans nos sources, et aujourd’hui nous avons plus de 40 sources qui se sont taries parce que les bois ont été coupés et que la terre reste vide. Comprenez que la pénurie d’eau est visible dans la Commune et plusieurs ménages de cette région sont en difficulté. Les femmes vont chercher l’eau jusqu’à des heures tardives et sont obligées de se lever très tôt, alors qu’il fait encore nuit. Notre population continue à utiliser l’eau de puits, l’eau stagnante et les eaux de pluie non traitées qui sont à l’origine des maladies hydriques encore signalées par les agents de santé ».

Ghislaine et Jeannette sont deux femmes du quartier Makaiko. Ils s’indignent de la rareté de l’eau dans ce milieu : « Nous avons constaté un changement climatique suite à la coupe des bois. Pour avoir de l’eau, nous devons partir de chez nous à 4h du matin pour revenir vers 15h, si c’est le soir nous partons de 18h jusqu’à minuit. Nous souffrons beaucoup, le responsable du GREFAMU nous demande de payer 100 francs congolais les 20 litres, mais nous ne donnons plus nos champs pour trouver de l’argent et acheter au moins 5 bidons d’eau chaque jour. Nous avons besoin d’eau potable ici à la maison », disent-ils.

PALUKU BONANE lance un cri d’alarme aux autorités « Avec ce changement climatique dans ce milieu, nous lançons un cri d’alarme aux dirigeants pour qu’ils réfléchissent à notre avenir. L’eau c’est la vie, alors quand elle se vide à nos sources, la mort nous attend ».

Des initiatives locales pour s’adapter à la crise

La communauté de cette région tente de s’adapter à cette crise due au changement climatique. La société civile en collaboration avec une organisation appelée COPI ont installé deux forages alimentés par des cellules photovoltaïques. Le premier forage avec six puits dessert près de 2000 ménages et le second avec cinq puits dessert environ 3200 ménages. Mais cette quantité d’eau reste insuffisante compte tenu du nombre d’habitants.

Une société privée nommée GREFAMU utilise un système de forage électrique pour trouver de l’eau.

« La couverture en eau potable à Oicha est très faible, nous avons 5 types de points d’eau : des sources simples, des sources avec réservoirs, des forages modernes avec le système de pompe manuelle et en bout de forage des systèmes photovoltaïques utilisant l’énergie solaire. Malgré toutes ces démarches par la population, il ne parvient toujours pas à satisfaire la soif de cette denrée très importante pour survivre », a déclaré l’autorité municipale.

Dans la commune rurale d’Oïcha, le forage du système voltaïque s’avère être la seule solution basée sur la durabilité environnementale. C’est ainsi qu’il a été choisi par COPI, une coopérative locale pour tenter d’approvisionner la population en eau potable à Oicha.

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