

La violence des incendies en Californie est surtout attribuable au changement climatique, qui accentue les sécheresses et les pluies extrêmes. Les incendies qui ravagent la région de Los Angeles, en Californie, sont d’une ampleur « sans précédent », selon le gouverneur de l’État étasunien. Le 13 janvier, le bilan était de 24 morts, plus de 105 000 personnes toujours soumises à des évacuations obligatoires et 15 000 hectares partis en fumée. La puissance de ces feux est liée à la présence de conditions météorologiques très rares, dont l’intensité est renforcée par le changement climatique.
C’est la conclusion d’une étude d’attribution rapide, publiée le 10 janvier par la collaboration européenne ClimaMeter. On savait déjà que la Californie était victime de feux estivaux de plus en plus nombreux, lorsque les conditions sont chaudes et sèches l’été, et que cette évolution était due au changement climatique. Mais ce qui rend la catastrophe actuelle « sans précédent », c’est surtout le fait qu’elle intervienne en hiver.
Entre le 1er et 9 janvier 2025, plus de 60 alertes incendie ont été recensées dans le seul comté de Los Angeles, soit… environ 40 fois plus que la moyenne des 12 dernières années pour cette même période, selon le World Resources Institute.Un phénomène connu, mais plus intense qu’avantLe phénomène central qui alimente actuellement les feux californiens est appelé les « vents de Santa Ana » : puissants, chauds et secs, ils favorisent la propagation des incendies. En temps normal, les vents qui soufflent sur la Californie viennent de l’océan Pacifique. Mais lorsqu’une zone de basse pression isolée se fixe au-dessus de la région, et forme ce qu’on appelle une « goutte froide », cela favorise les vents de Santa Ana, qui viennent de l’intérieur des terres et soufflent dans l’autre sens, vers l’océan.
Les conditions météorologiques qui déclenchent ces vents existent depuis longtemps.
En comparant les événements analogues du passé (sur la période 1950 à 1986) à ceux du présent (1987-2023), les scientifiques de Clima Meter ont mis en évidence une évolution : le même phénomène produit aujourd’hui des températures plus élevées de 5 °C, des conditions plus sèches de 15 % et des vents plus violents de 5 km/h que par le passé.

La violence des incendies en Californie est surtout attribuable au changement climatique, qui accentue les sécheresses et les pluies extrêmes.Les incendies qui ravagent la région de Los Angeles, en Californie, sont d’une ampleur « sans précédent », selon le gouverneur de l’État étasunien. Le 13 janvier, le bilan était de 24 morts, plus de 105 000 personnes toujours soumises à des évacuations obligatoires et 15 000 hectares partis en fumée. La puissance de ces feux est liée à la présence de conditions météorologiques très rares, dont l’intensité est renforcée par le changement climatique. C’est la conclusion d’une étude d’attribution rapide, publiée le 10 janvier par la collaboration européenne ClimaMeter.
On savait déjà que la Californie était victime de feux estivaux de plus en plus nombreux, lorsque les conditions sont chaudes et sèches l’été, et que cette évolution était due au changement climatique. Mais ce qui rend la catastrophe actuelle « sans précédent », c’est surtout le fait qu’elle intervienne en hiver.
Entre le 1er et 9 janvier 2025, plus de 60 alertes incendie ont été recensées dans le seul comté de Los Angeles, soit… environ 40 fois plus que la moyenne des 12 dernières années pour cette même période, selon le World Resources Institute.Un phénomène connu, mais plus intense qu’avantLe phénomène central qui alimente actuellement les feux californiens est appelé les « vents de Santa Ana » : puissants, chauds et secs, ils favorisent la propagation des incendies. En temps normal, les vents qui soufflent sur la Californie viennent de l’océan Pacifique. Mais lorsqu’une zone de basse pression isolée se fixe au-dessus de la région, et forme ce qu’on appelle une « goutte froide », cela favorise les vents de Santa Ana, qui viennent de l’intérieur des terres et soufflent dans l’autre sens, vers l’océan.Les conditions météorologiques qui déclenchent ces vents existent depuis longtemps. En comparant les événements analogues du passé (sur la période 1950 à 1986) à ceux du présent (1987-2023), les scientifiques de Clima Meter ont mis en évidence une évolution : le même phénomène produit aujourd’hui des températures plus élevées de 5 °C, des conditions plus sèches de 15 % et des vents plus violents de 5 km/h que par le passé.Un bâtiment en cendre à Los Angeles, en Californie, le 12 janvier 2025.
L’intensification de la température et de la sécheresse sont directement liées au changement climatique.
« Les vents qui soufflent depuis les montagnes rocheuses vers la Californie sont moins capables qu’avant de transporter de la fraîcheur, la sécheresse fait qu’on n’a pas la neige habituelle sur ces montagnes. Sans celle-ci, les vents de Santa Ana descendent vers la Californie plus chauds et plus secs qu’avant », explique Davide Faranda, climatologue à l’Institut Pierre-Simon Laplace et coauteur de l’étude d’attribution.Le troisième facteur identifié à la hausse, la vitesse des vents, est plus délicat à analyser. « On voit que cela augmente, mais on ne peut pas conclure sur le lien avec le changement climatique ; le phénomène dépend beaucoup de chaque vallée, de la topographie. On n’a pas de résultat clair sur l’influence du changement climatique là-dessus », précise le chercheur.Quand la pluie entraîne le feuLes vents plus secs, plus chauds et plus violents contribuent quoi qu’il en soit à assécher la végétation, qui forme alors du combustible pour les incendies, et à disperser les braises et les flammes, propageant d’autant plus rapidement ces feux destructeurs.Sur quelques années, la multiplication et l’intensification des sécheresses, elles aussi favorisées par le changement climatique, nourrissent également ces incendies. Mais, de manière moins évidente, la multiplication des pluies accentue également le problème.C’est ce que montre une autre étude menée par des chercheurs étasuniens, publiée le 9 janvier dans la revue Nature Reviews Earth & Environment.

À chaque fois que l’atmosphère gagne 1 °C, elle peut contenir 7 % d’humidité supplémentaire, rappellent-ils. Conséquence : l’atmosphère devient comme une grosse éponge. Elle peut, d’un côté, absorber plus d’eau, et de l’autre, en relâcher plus lorsqu’elle en est saturée. Autrement dit : le réchauffement de l’atmosphère accentue à la fois les sécheresses et les pluies extrêmes. « L’éponge grossit de manière exponentielle »
Les phénomènes de transitions rapides entre sécheresse et humidité extrêmes ont déjà vu leur fréquence augmenter sous l’effet du changement climatique (+31 à 66 % depuis le milieu du XXe siècle) et vont encore s’intensifier à l’avenir. Cela va même aller de plus en plus vite, alertent les auteurs : le taux d’occurrence du phénomène pourrait doubler si l’on atteint 3 °C de réchauffement global, comme nous en prenons le chemin.Or, cela a un effet pervers sur les risques d’incendie : les périodes de forte pluie nourrissent les végétaux, qui poussent davantage. Puis, lorsque la sécheresse survient, cette végétation s’assèche et fournit du combustible à profusion pour les feux.
C’est aussi ce phénomène qui est aujourd’hui à l’œuvre dans la région de Los Angeles : les hivers 2022-2023 puis 2023-2024 ont battu des records de précipitations dans le sud de la Californie, avant que l’été 2024 ne batte des records de chaleur, suivi par un hiver 2024-2025 extrêmement sec, explique l’université de Californie.« Le problème est que l’éponge grossit de manière exponentielle, souligne Daniel Swain, premier auteur de l’étude étasunienne. Et le taux d’accroissement augmente pour chaque fraction de degré de réchauffement. »Si les projecteurs sont aujourd’hui braqués sur la Californie, le problème est évidemment loin de s’y cantonner : « En Méditerranée, on a en ce moment un peu les mêmes conditions qu’en Californie en 2023 : beaucoup de précipitations en Sicile, en Tunisie ou sur les côtes espagnoles ou algériennes. En conséquence de quoi une végétation broussailleuse y pousse très vite », note Davide Faranda. Les conditions d’une forte sécheresse finiront ici aussi par revenir, fournissant un combustible idéal et foisonnant pour de nouveaux incendies ravageurs.
La Californie face à l’urgence climatique
Incendies à répétition, épuisement des ressources hydriques, déclin de la faune : la Californie subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique. La Californie brûle, et à grands feux. Pawnee, Klamathon, Ferguson, Carr, Woolsey, Camp… 7 571 incendies ont embrasé le Golden State en 2018. Bilan : 676 311 ha consumés, un record dans les annales de l’État, la palme du pire revenant à Camp Fire, qui a dévoré plus de 62000 ha au mois de novembre, faisant 86 victimes et rasant la ville de Paradise. Si l’Ouest américain, avec sa végétation de type méditerranéen et ses étés secs, est coutumier de ces phénomènes, la saison des feux ne cesse de s’étendre, qui s’étire désormais du printemps à l’automne, et le scénario vire de plus en plus souvent à la catastrophe. Depuis 1932, quinze des vingt plus grands incendies se sont produits entre 2000 et 2018.
Plusieurs facteurs contribuent à rendre la Californie hautement inflammable : urbanisation galopante des zones boisées, agriculture intensive épuisant les ressources en eau, mauvais état des réseaux électriques et réchauffement climatique. En 2018, selon les premières données du Service géologique des États-Unis (USGS), les feux de forêt auraient relâché environ 68 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère – soit 15 % des émissions annuelles de l’État, contribuant à leur tour au réchauffement. Un parfait cercle vicieux.Et la Californie n’a pas fini de jouer les poudrières. La surface touchée par les incendies pourrait augmenter de 77 % d’ici à la fin du siècle, si l’on en croit les projections du California’s Fourth Climate Change Assessment, une somme d’études sur les conséquences régionales du changement climatique, rapporte BBC
Autres victimes collatérales : les emblématiques plages du sud de l’État (Venice, Newport, Santa Monica, etc.). Menacées par la hausse du niveau de la mer, elles pourraient voir leur surface réduite d’un à deux tiers. Mais ce sont surtout ses joyaux, ses parcs nationaux, et, au-delà, ceux du pays tout entier, qui payent un lourd tribut au dérèglement du climat. C’est ce que révèle une étude menée conjointement par le Service des parcs nationaux (NPS), l’université de Californie à Berkeley et l’université du Wisconsin à Madison, et publiée en septembre 2018. D’après ses conclusions, les 417 aires protégées des États-Unis ont vu leur température augmenter de 1 °C en moyenne entre 1895 et 2010, tandis que les précipitations annuelles y ont baissé de 12 %.D’un parc californien à l’autre, les bouleversements subis par les écosystèmes sont légion. À Yosemite, la forêt subalpine a gagné les prairies d’altitude, plus fraîches, tandis que la moitié des populations de petits mammifères, tels les écureuils et les musaraignes, ont suivi le mouvement, migrant 500 m plus haut par rapport à leur habitat de 1918, date du dernier grand recensement des espèces animales du parc.
Les chercheurs ont comparé leurs données de terrain à celles de Joseph Grinnell, un biologiste spécialiste de la faune californienne, qui en dressa des inventaires méticuleux au cours de la première moitié du xxe siècle.
En ce qui concerne l’évolution de la population aviaire dans le désert Mojave – une vaste zone qui recouvre plusieurs aires protégées, dont la Vallée de la Mort –, le verdict est sans appel : le nombre d’espèces d’oiseaux s’est effondré de 43 % au cours du dernier siècle. Emblématiques du parc national de Joshua Tree, les arbres de Josué pourraient perdre 90 % de leur habitat naturel d’ici à un siècle si rien n’est fait pour endiguer le réchauffement climatique.
Le parc national des Séquoias, un site symbolique, est lui aussi touché par le réchauffement. Durant la sécheresse sans précédent qui a frappé la Californie de 2012 à 2016, « 20 % des grands sapins et de 50 à 70 % des grands pins qui poussaient près des séquoias sont morts, souligne Nathan Stephenson, écologue et chercheur à l’USGS. Par chance, les séquoias géants s’en sont bien mieux sortis que les autres arbres. Seule une infime portion de leur population a succombé à la sécheresse. »

Bien plus préoccupante est la situation de l’arbre iconique et éponyme du parc national de Joshua Tree. « Les jeunes générations d’arbres de Josué ne survivent plus dans la partie méridionale de leur habitat », pouvait-on lire sur le compte Twitter du parc il y a plus d’un an. Et un autre post d’ajouter : « 90 % de l’habitat de l’arbre de Josué pourrait disparaître si la température continue d’augmenter de 3 °C au cours des cent prochaines années. »
Depuis, le changement climatique n’est plus un problème, du moins sur le réseau social de l’institution, l’expression ayant été bannie sur ordre de la Maison Blanche, tout à sa ligne climato-sceptique. En novembre 2017, cette série de tweets sur les conséquences de l’élévation des températures ont valu au directeur du parc, David Smith, d’être vertement rappelé à l’ordre et au silence par le ministre de l’Intérieur de l’époque, Ryan Zinke.
Au-delà des dégâts particuliers, c’est l’essence même des parcs nationaux américains qui a dû être repensée à l’aune du changement climatique. Chargé de préserver « une image de l’Amérique primitive », selon le mot d’un rapport de 1963, le NPS a vu sa mission réévaluée en 2012, avec une nouvelle priorité : « Mobiliser les ressources du NPS en vue d’un changement continu qui est encore mal compris. » Autant dire que la consigne tient de l’aporie. « Il est difficile de savoir avec précision comment gérer les ressources naturelles dans un climat changeant, étant donné le caractère imprévisible de l’avenir. J’imagine que cela va demander beaucoup d’expérimentations, avance Nathan Stephenson.

Dans le parc national des Séquoias et dans celui de Kings Canyon, nous nous appuyons sur les données de la sécheresse exceptionnelle de 2012-2016 pour avoir un possible “aperçu du futur”, évaluer comment les écosystèmes pourraient répondre à un réchauffement continu, et déterminer quelles zones sont les plus vulnérables. Mais c’est un travail long et complexe, qui va demander encore quelques années. L’idée de mener des expériences de migration assistée avec les séquoias, en plantant des semences à de plus hautes altitudes, a aussi été évoquée, mais nous en sommes seulement au stade de la discussion. »A minima, les parcs californiens se mettent au vert, pourvoyant leur personnel en voitures hybrides et électriques, et leurs bâtiments en panneaux solaires, en éclairage LED et en dispositifs de recyclage. Les visiteurs sont aussi mis à contribution : en 2016, ils étaient invités à partager leurs observations sur la faune et la flore via l’application iNaturalist, pour aider les gestionnaires à mieux cerner les modifications environnementales en cours. Dans le parc national de Joshua Tree, l’exercice court toujours pour le recensement des arbres de Josué. Les parcs sensibilisent également le public aux petits gestes écoresponsables – de l’achat d’ampoules à économie d’énergie à la consommation de produits locaux –, tout en appelant à une réduction généralisée des gaz à effet de serre. C’est que la solution sera mondiale ou ne sera pas.
À l’échelle de la Californie, la chose est entendue. L’État est le champion américain du développement durable. En 2017, près de la moitié de sa production d’énergie était issue d’énergies renouvelables. En janvier 2018, le Golden State s’est engagé à faire passer le nombre de voitures électriques en circulation – environ 350 000 aujourd’hui – à 5 millions d’ici à 2030, primes à l’achat et multiplication de stations de recharge à l’appui. Quelques mois plus tard, il a rendu obligatoire l’installation de panneaux solaires sur toute nouvelle construction résidentielle. Avant de faire passer une loi, en août, qui prévoit que toute sa production électrique affichera un bilan carbone neutre d’ici à 2045, qu’elle provienne de sources d’énergies renouvelables, comme l’éolien, ou n’émettant pas de gaz à effet de serre, comme le nucléaire.
Clou de ce zèle écologique, l’ex-gouverneur de l’État, le démocrate Jerry Brown, a annoncé en septembre 2018 que la Californie lancerait son propre satellite dans l’espace pour surveiller les gaz à effet de serre. La déclaration venait apporter une conclusion fracassante au Global Climate Action Summit de San Francisco – un sommet sur le climat en forme de pied-de-nez à l’administration Trump après sa décision de retirer le pays de l’accord de Paris.